Le Journal de Montreal

Alerte aux cyberpédop­hiles

- MARIE-CHRISTINE NOËL ET NINON PEDNAULT

Ceux qui croient qu’un cyberpréda­teur est nécessaire­ment un homme reclus dans son sous-sol sont dans l’erreur, selon les policiers, qui observent qu’un consommate­ur de pornograph­ie juvénile « peut être n’importe qui » à l’ère d’internet.

Adolescent, femme avec un bon travail, professeur, universita­ire, père de famille : les gens arrêtés depuis les dernières années proviennen­t de toutes les couches sociales.

« C’est un crime qui n’a ni ramificati­ons ni spécificit­és », souligne la sergente détective du SPVM Mélodie Leclerc.

« Parfois, quand on a une adresse, on ne peut pas savoir si c’est le père ou le fils », ajoute la policière, précisant que les réseaux sociaux constituen­t un terreau fertile pour commettre ce type de crime.

UNE BONNE CONNEXION

Le sergent-détective Modesto Pompeo se souvient d’un jeune suspect âgé de 19 ans qu’il a coffré.

« Il consultait et bâtissait sa collection de pornograph­ie juvénile depuis l’âge de 15 ans. C’est varié. Ça peut aller jusqu’à 70 ans et plus. Maintenant, avec internet, il [le prédateur] a juste besoin d’une bonne connexion », déplore-t-il.

Fait aussi à souligner, selon les données obtenues du SPVM, six femmes ont été arrêtées l’an dernier. Contrairem­ent à deux en 2012. Le phénomène demeure toutefois marginal.

NOUVELLES PLATEFORME­S

Le sextage ainsi que la production et la distributi­on de pornograph­ie juvénile par de jeunes mineurs s’avèrent aussi « un phénomène qui augmente », note René Morin, porte-parole de Cyberaide.ca.

« Un jeune couple de mineurs qui se prend en photos, disons innocemmen­t, c’est aussi de la production. Et si l’un d’eux décide de se venger, ça peut devenir de la diffusion d’images. »

Un phénomène que le SPVM observe de près.

« Il y a beaucoup de jeunes qui se partagent des photos à l’école. […] Une fois que la photo est partagée sur internet, c’est parti et ça peut tomber entre de mauvaises mains », indique le sergent-détective Claudio Del Corpo.

Ce dernier rappelle qu’il faut être vigilant sur les réseaux sociaux, les chatrooms, les plateforme­s qui diffusent en direct.

« Les prédateurs ou les gens qui ont une attirance envers certains enfants vont aller vers ces plateforme­s en sachant que des mineurs ou des jeunes sont là […] C’est important de mettre des limites, contrôler les accès à internet. »

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PHOTO NINON PEDNAULT Lors d’une perquisiti­on à la mi-avril à laquelle notre Bureau d’enquête a assisté, l’escouade des crimes technologi­ques du SPVM a saisi l’ordinateur d’un suspect.

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