Un fêtard trop bruyant doit payer 54 000 $ à ses voisins
Il se disait harcelé par ces « pas de vie » qui se plaignaient inutilement à la police
VICTORIAVILLE | Un fêtard bruyant qui réclamait 16 000 $ à ses ex-voisins parce qu’ils brimaient sa liberté en appelant la police devra plutôt leur verser 54 000 $.
Entre 2012 et 2015, François Thibeau a participé à une cinquantaine de partys chez lui ou chez d’autres résidents de la petite rue Montcalm à Victoriaville.
Ces rassemblements regroupaient jusqu’à 50 personnes et généraient un va-et-vient constant dans ce quartier résidentiel normalement paisible.
L’alcool coulait à flots. Des hurlements se faisaient entendre jusqu’aux petites heures du matin, tout comme les crissements de pneus et les grondements de moteurs. C’est sans oublier la musique émise par des « systèmes de son » performants.
Ses voisins Éric Deschênes et Isabelle St-Jean ont averti M. Thibeau de cesser ce vacarme nocturne, qui empirait au lieu de diminuer.
Le couple a dû prendre des médicaments pour dormir, tout comme leur enfant d’âge préscolaire.
Exaspéré, le couple a fait des plaintes à la police, qui a émis des avis d’infraction à M. Thibeau.
IL SE FOUT DES TICKETS
« Amènes-en des tickets, je m’en fous, j’ai de l’argent. Je peux vous acheter et vous revendre au rabais », répondait-il.
Le jugement fait également état d’injures que lançait M. Thibeau au couple, qu’il traitait de « pas de vie ».
Le jugement laisse entendre que M. Thibeau organisait même des fêtes pour exaspérer encore plus ses voisins.
« J’ai callé la shot, le bruit, c’est pour challenger Éric et Isabelle » ou « j’ai une vie sexuelle, moi, j’ai des femmes à satisfaire », disait-il.
D’ailleurs, le témoignage de M. Thibeau et celui de sa conjointe n’aurait prouvé aucun harcèlement de la part des défendeurs.
« Le recours aux services policiers pour faire cesser une telle nuisance est un droit fondamental », rappelle le juge Alain Trudel dans son jugement rendu récemment.
François Thibeau poursuivait quatre de ses anciens voisins de qui il exigeait 16 000 $ en dommages.
Selon lui, ceux-ci brimaient sa qualité de vie en alertant les policiers.
Le juge Alain Trudel a plutôt sommé M. Thibeau de verser 54 000 $ aux deux couples voisins, soit Éric Deschênes et Isabelle St-Jean ainsi que Frédéric Côté et Audrey Leclerc.
« Le mépris des règles les plus élémentaires de civisme et de bon voisinage démontré par le demandeur donne un “effet boomerang” à la judiciarisation du litige qui se retourne maintenant contre lui », écrit-il.
MAÎTRE DE LA RUE
Selon le juge, M. Thibeau a intenté cette poursuite dans le strict but de se venger.
« Il est clairement anormal et excessif que les défendeurs, citoyens demeurant dans un quartier paisible, aient à supporter le mode de vie excessif, envahissant, bruyant et méprisant du demandeur qui s’impose et agit comme seul et unique maître de la rue, sans aucune considération pour autrui », plaide-t-il.