Le Journal de Montreal

Un fêtard trop bruyant doit payer 54 000 $ à ses voisins

Il se disait harcelé par ces « pas de vie » qui se plaignaien­t inutilemen­t à la police

- CAROLINE LEPAGE

VICTORIAVI­LLE | Un fêtard bruyant qui réclamait 16 000 $ à ses ex-voisins parce qu’ils brimaient sa liberté en appelant la police devra plutôt leur verser 54 000 $.

Entre 2012 et 2015, François Thibeau a participé à une cinquantai­ne de partys chez lui ou chez d’autres résidents de la petite rue Montcalm à Victoriavi­lle.

Ces rassemblem­ents regroupaie­nt jusqu’à 50 personnes et généraient un va-et-vient constant dans ce quartier résidentie­l normalemen­t paisible.

L’alcool coulait à flots. Des hurlements se faisaient entendre jusqu’aux petites heures du matin, tout comme les crissement­s de pneus et les grondement­s de moteurs. C’est sans oublier la musique émise par des « systèmes de son » performant­s.

Ses voisins Éric Deschênes et Isabelle St-Jean ont averti M. Thibeau de cesser ce vacarme nocturne, qui empirait au lieu de diminuer.

Le couple a dû prendre des médicament­s pour dormir, tout comme leur enfant d’âge préscolair­e.

Exaspéré, le couple a fait des plaintes à la police, qui a émis des avis d’infraction à M. Thibeau.

IL SE FOUT DES TICKETS

« Amènes-en des tickets, je m’en fous, j’ai de l’argent. Je peux vous acheter et vous revendre au rabais », répondait-il.

Le jugement fait également état d’injures que lançait M. Thibeau au couple, qu’il traitait de « pas de vie ».

Le jugement laisse entendre que M. Thibeau organisait même des fêtes pour exaspérer encore plus ses voisins.

« J’ai callé la shot, le bruit, c’est pour challenger Éric et Isabelle » ou « j’ai une vie sexuelle, moi, j’ai des femmes à satisfaire », disait-il.

D’ailleurs, le témoignage de M. Thibeau et celui de sa conjointe n’aurait prouvé aucun harcèlemen­t de la part des défendeurs.

« Le recours aux services policiers pour faire cesser une telle nuisance est un droit fondamenta­l », rappelle le juge Alain Trudel dans son jugement rendu récemment.

François Thibeau poursuivai­t quatre de ses anciens voisins de qui il exigeait 16 000 $ en dommages.

Selon lui, ceux-ci brimaient sa qualité de vie en alertant les policiers.

Le juge Alain Trudel a plutôt sommé M. Thibeau de verser 54 000 $ aux deux couples voisins, soit Éric Deschênes et Isabelle St-Jean ainsi que Frédéric Côté et Audrey Leclerc.

« Le mépris des règles les plus élémentair­es de civisme et de bon voisinage démontré par le demandeur donne un “effet boomerang” à la judiciaris­ation du litige qui se retourne maintenant contre lui », écrit-il.

MAÎTRE DE LA RUE

Selon le juge, M. Thibeau a intenté cette poursuite dans le strict but de se venger.

« Il est clairement anormal et excessif que les défendeurs, citoyens demeurant dans un quartier paisible, aient à supporter le mode de vie excessif, envahissan­t, bruyant et méprisant du demandeur qui s’impose et agit comme seul et unique maître de la rue, sans aucune considérat­ion pour autrui », plaide-t-il.

 ?? PHOTO CAROLINE LEPAGE ?? Éric Deschênes et Isabelle St-Jean soutiennen­t que la rue Montcalm à Victoriavi­lle a retrouvé son calme d’antan depuis que le voisin bruyant qui a intenté la poursuite judiciaire contre eux a déménagé en 2016.
PHOTO CAROLINE LEPAGE Éric Deschênes et Isabelle St-Jean soutiennen­t que la rue Montcalm à Victoriavi­lle a retrouvé son calme d’antan depuis que le voisin bruyant qui a intenté la poursuite judiciaire contre eux a déménagé en 2016.

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