Des délais d’attente « pas fiables » pour les chirurgies
QUÉBEC | Les données utilisées pour calculer les délais d’attente pour une chirurgie ne sont « pas fiables », dénonce la vérificatrice générale du Québec dans son plus récent rapport.
« Pour respecter les délais d’attente exigés, l’Hôpital général juif et l’Hôpital régional de Saint-Jérôme privilégient de limiter le nombre de patients inscrits sur la liste d’attente s’ils pensent ne pas être en mesure de les opérer dans le temps opératoire alloué aux chirurgiens », rapporte Guylaine Leclerc, hier, dans son rapport printanier. En clair, les centres hospitaliers « demandent aux médecins » de ne pas inscrire au registre les patients s’ils savent qu’ils ne pourront pas les opérer dans les délais requis.
Les délais d’attente sont-ils plus importants que ce qu’il y paraît à la lecture des données du ministère ? « C’est clair », explique-t-elle.
DES CHIRURGIES RETARDÉES
Autre problème : les cibles nationales ne considèrent pas adéquatement l’urgence de certaines maladies virulentes pour réaliser des chirurgies. « Le ministère a établi deux règles : 28 jours, oncologiques, et six mois pour les chirurgies non oncologiques. Ce manque de précision peut provoquer un “effet pervers” », note la vérificatrice.
« Certains cas, qui devraient normalement être priorisés, risquent d’être retardés au profit des cas moins urgents, seulement pour que les cibles soient respectées », écrit-elle. Elle demande au ministère d’établir des cibles en fonction de la gravité des maladies.
La VG note avec étonnement que l’enveloppe allouée aux blocs opératoires s’accroît beaucoup plus rapidement que la quantité d’actes médicaux. « On n’a pas eu une réponse claire du ministère de la Santé », dit-elle.
Sur une période de six ans, le nombre de chirurgies est en hausse de 5,5 %, alors que la croissance des dépenses directes d’établissement pour ce secteur a augmenté de 17,9 %. La rémunération des chirurgiens et des anesthésiologistes a explosé de 35,2 %.