Un « choix de vie » bénéfique pour ses élèves
QUÉBEC | « Avant, j’arrivais à l’école la langue à terre, j’avais toujours l’impression de courir après mon temps. Maintenant, je suis plus patiente avec mes élèves, je suis tout le temps contente de venir travailler. »
Après avoir passé de nombreux soirs et fins de semaine à faire de la préparation de classe, l’enseignante Chantalle Couture a décidé il y a déjà plusieurs années de s’offrir une journée de congé par semaine.
« Il y a certaines années, j’ai eu des compositions de classe assez “rock and roll”. J’avais des enfants avec des troubles de comportement, des troubles du spectre de l’autisme, le syndrome de Gilles de la Tourette… Je suis sûre que ma journée de congé m’a permis d’éviter un épuisement professionnel. »
Même son de cloche de la part d’An- nick Desroches, qui enseigne depuis plus de dix ans à des élèves qui ont des difficultés graves d’apprentissage, dans une école primaire de la Montérégie. Même si elle a choisi de travailler auprès de cette clientèle, l’énergie n’y est plus, raconte-t-elle. Il y a deux ans, elle a réduit sa tâche – et son salaire – de 10 % pour ne pas y laisser sa peau.
« Au début, on sort de l’université, on est plein de bonnes intentions, on fait plein de projets. Au fil du temps, la fatigue s’installe. C’est sournois et ça nous effrite. Je revenais de travailler et je n’étais même pas capable de faire à souper. J’ai une fille, j’avais de la misère à m’occuper d’elle. Dans mon cas à moi, ce n’est pas une journée de congé pour faire de la correction, c’est une journée de convalescence. Et si je pouvais me le permettre financièrement, je prendrais jusqu’à une journée par semaine, à mes frais. »
Selon Mme Desroches, la profession d’enseignant est de plus en plus difficile.
« Les parents sont de plus en plus exigeants, ils nous demandent des comptes à rendre, on a des tâches de secrétariat qui nous sont rajoutées… Et à notre école, il n’y a pas de stabilité de personnel, il y a un gros roulement. Chaque année, c’est toujours à recommencer. »
PLANIFICATION ET CORRECTION
Une autre enseignante, qui a refusé d’être identifiée, raconte qu’elle passe sa journée de « congé » hebdomadaire à faire la correction et la planification qu’elle n’a pas le temps de faire au quotidien, parce qu’il faut répondre aux nombreux courriels de parents ou rencontrer une intervenante parce qu’un élève s’est désorganisé. « La journée de congé, c’est pour avoir une qualité de vie, avec notre famille, sinon, on n’arrive pas. C’est juste trop. »