Le Journal de Montreal

Pour mieux détecter les risques d’homicides

Une nouvelle formation offerte à des milliers d’intervenan­ts pourrait sauver des Rosalie Gagnon

- NICOLAS LACHANCE Des centaines de chercheurs québécois présentent cette semaine le fruit de leurs découverte­s au 86e congrès de l’Associatio­n francophon­e pour le savoir (ACFAS), qui se tient à l’Université du Québec à Chicoutimi.

SAGUENAY | Près de 2000 intervenan­ts psychosoci­aux du Québec ont reçu une nouvelle formation pour agir auprès des personnes à risque de commettre un homicide.

Rupture difficile, idées suicidaire­s, dépression, violence conjugale et problèmes de toxicomani­e : les cas pouvant mener à des homicides familiaux peuvent être fréquents.

« Il y en a plus qu’on pense des situations où l’on devrait intervenir », souligne Valérie Tremblay, agente de planificat­ion, de programmat­ion et de recherche au Centre de recherche appliquée en interventi­on psychosoci­ale (CRAIP), l’organisme ayant obtenu le mandat du ministère de la Santé.

« On devait développer une formation pour vraiment estimer, détecter et gérer le risque d’homicide », a expliqué au Journal l’experte, lors d’une présentati­on au congrès de l’ACFAS, hier.

À la suite du cas Guy Turcotte, un rapport d’un comité d’experts sur les homicides a évalué les besoins pour éviter de nouveaux drames.

En 2015, le CRAIP a mis sur pied un projet pilote. Puis, après quelques ajustement­s, ils ont récemment commencé à donner la formation à 214 responsabl­es régionaux mandatés afin de transmettr­e l’enseigneme­nt à des centaines d’intervenan­ts psychosoci­aux et des ressources d’hébergemen­t en dépendance.

« Au moment de l’affiche, il y en avait 1744, mais ça augmente tout le temps. C’est une formation qui est appréciée, souligne Mme Tremblay. On offre également du soutien. Parce qu’une fois formé, c’est certain qu’il n’y a personne qui devient un expert de la chose », relate-t-elle.

La formation est comparable à celles des sentinelle­s du Centre de prévention du suicide.

« Sur le suicide, les gens vont être portés à poser la question aux gens. Ici aussi, il ne faut pas avoir peur des mots. Ça ne sera sans doute pas homicide… Il ne faut pas avoir peur de dire le mot : tuer. »

PLUS D’INTERVENAN­TS

Les responsabl­es espèrent que la formation d’une journée et demie puisse prendre de l’expansion. Par exemple, la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) pourrait notamment avoir recours à cette formation.

L’histoire de la petite Rosalie Gagnon qui a marqué tout le Québec à la fin du mois d’avril est un exemple où la formation aurait pu être utile. « Ça aurait peut-être pu changer quelque chose », dit Mme Tremblay.

 ?? PHOTOS NICOLAS LACHANCE ET D’ARCHIVES ?? Valérie Tremblay, du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean, fait partie des quatre formateurs provinciau­x pour contrer les homicides. En mortaise, la petite Rosalie Gagnon, dont la mort a ému le Québec.
PHOTOS NICOLAS LACHANCE ET D’ARCHIVES Valérie Tremblay, du CIUSSS du Saguenay–Lac-Saint-Jean, fait partie des quatre formateurs provinciau­x pour contrer les homicides. En mortaise, la petite Rosalie Gagnon, dont la mort a ému le Québec.

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