Le Journal de Montreal

Des retraités pauvres avec les prestation­s publiques

Ils ne réussissen­t qu’à couvrir leurs besoins de base et sont plus endettés

- MARIE-ÈVE DUMONT

Loyer, épicerie, téléphone, télé et internet, voilà tout ce que peut se permettre une septuagéna­ire avec ses prestation­s du gouverneme­nt, jugées trop basses pour sortir nos aînés de la pauvreté, selon une nouvelle étude.

« Je n’ai jamais eu d’auto. Je paie un bon loyer même si je suis dans une résidence sans but lucratif. Je ne fais pas d’excès. Je ne m’achète pas de vêtement et j’arrive juste », raconte Thérèse Desrochers, 78 ans, qui reçoit environ 21 000 $ par année avec les prestation­s du gouverneme­nt en plus de la prestation de survivant de son mari décédé.

Le cas de Mme Desrochers, qui détonne de l’idée que certains se font parfois de la retraite, est loin d’être unique, selon l’Institut de recherche et d’informatio­ns socio-économique­s.

« Le système actuel ne fonctionne pas. Près de la moitié des personnes seules qui arrivent à la retraite, qui ont plus de 65 ans, ne réussissen­t pas à avoir un revenu décent », déplore Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS.

FEMMES PLUS PAUVRES

Les femmes sont aussi plus pauvres que les hommes à la retraite puisqu’elles sont nombreuses à travailler certaines années à temps partiel et à un salaire plus faible, ajoute Martine Marleau, de l’ACEF de l’est de Montréal.

« Les femmes arrivent donc avec une rente du régime des rentes qui est significat­ivement plus faible que les hommes. Elles vivent aussi plus longtemps et seules à la retraite », précise Mme Marleau.

L’Institut soutient donc que le montant versé par le gouverneme­nt permet de couvrir les besoins de base, mais pas de se sortir de la pauvreté, ce que l’organisati­on appelle le « salaire viable ».

Selon leurs calculs, ce revenu « viable » se situe entre 21 172 $ et 28 534 $, selon l’endroit où l’on vit au Québec. C’est plus élevé que les quelque 18 000 $ fournis par les programmes publics.

IMPRÉVUS COÛTEUX

Cette situation amène plus d’endettemen­t chez les aînés qui n’arrivent plus à faire face aux imprévus.

« J’ai eu plusieurs demandes de gens qui ont le supplément [de revenu garanti] pour des retards de loyer parce qu’il est arrivé quelque chose. Ils ont dû payer des médicament­s de plus par exemple ou une petite réparation à la maison », explique Émilie Dansereau, qui s’occupe du fonds d’entraide à l’ACEF du Nord, qui offre des petits prêts sans intérêt. pour les personnes à faible revenu.

Selon l’IRIS, la meilleure façon de régler le problème serait de bonifier rapidement le Régime des rentes du Québec pour que les employeurs et les employés actifs puissent en bénéficier.

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PHOTO MARIE-ÈVE DUMONT Les seules activités auxquelles peut participer Thérèse Desrochers sont gratuites puisque son budget est serré.
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EVE-LYNE COUTURIER chercheuse

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