Le Journal de Montreal

Galipettes coûteuses pour Donald Trump

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Chaque jour ou presque, l’histoire de la liaison de Donald Trump avec l’actrice porno Stormy Daniels prend une tournure plus défavorabl­e pour le président, au point où on peut se demander si cette affaire ne sera pas aussi dommageabl­e pour lui que l’affaire russe.

Pas facile de commenter la politique américaine dans une publicatio­n familiale quand l’actualité est dominée par la liaison entre un président et ce genre de spécialist­e. En soi, cette histoire croustilla­nte vieille de 12 ans n’est pas un immense problème. En rétrospect­ive, si le scandale était sorti en octobre 2016, son impact électoral aurait probableme­nt été négligeabl­e. La réputation de Trump était faite et même la vidéo où il se vantait de commettre des agressions sexuelles n’a pas dissuadé ses électeurs.

Les ennuis viennent du fait que Donald Trump a choisi de payer 130 000 $ pour faire taire Daniels.

PAS DE RÉACTION DU PUBLIC

Le problème n’est pas la liaison elle-même. L’omniprésen­ce de cette affaire salée dans les médias depuis janvier n’a pas vraiment affecté le taux d’approbatio­n du président.

Le problème n’est pas l’hypocrisie de la droite religieuse, qui réclamait la tête de Bill Clinton à l’époque du « Zippergate », mais qui s’empresse aujourd’hui d’absoudre Trump de toute faute.

Dans le climat d’extrême polarisati­on partisane qui prévaut aux États-Unis, il en faut plus que ça pour ébranler la base électorale de Donald Trump.

SAISIE SANS PRÉCÉDENT

L’affaire a pris une tournure nouvelle en avril après la saisie du FBI chez l’avocat personnel de Trump, Michael Cohen, justifiée en partie par les complicati­ons légales liées au paiement à Daniels.

Cette saisie expose Cohen – et potentiell­ement Trump – à des ennuis légaux considérab­les. Il y a l’affaire russe, mais aussi un lourd passé de transactio­ns financière­s douteuses.

Les procureurs fédéraux en sauront probableme­nt assez sur Cohen pour lui faire contempler des décennies en prison, à moins qu’il ne déballe son sac sur Trump.

LOURDE DE CONSÉQUENC­ES

L’affaire a encore rebondi hier. L’avocat de Stormy Daniels a révélé que la « compagnie » utilisée pour acheminer les fonds vers Daniels avait aussi servi à Michael Cohen pour recevoir plus d’un million de dollars en échange, présume-t-on, d’influence auprès du président.

Autre tuile pour Trump : parmi les « clients » de Cohen se trouve un oligarque proche de Poutine. Encore les Russes…

Pour un politicien normal, une liaison avec une actrice porno pourrait signifier la fin d’une carrière politique, mais Donald Trump n’est pas un politicien normal.

Si l’affaire Stormy Daniels contribue à l’éventuelle déconfitur­e du président Trump, ce ne sera pas à cause du jugement que ses concitoyen­s portent sur ses relations extra-conjugales.

Le vrai problème, comme pour l’affaire russe, est que cette affaire risque d’exposer au grand jour les talons d’Achille de la présidence Trump : la corruption, la duplicité et le mensonge, ainsi que la dérive autoritair­e qui pourrait l’amener à entraver le cours normal de la justice.

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