Des imprimantes 3D dans les écoles
Le ministère invite les écoles à faire connaître leurs choix d’équipements numériques
QUÉBEC | Le gouvernement, qui veut doter toutes les écoles de la province d’équipements numériques dès l’automne, leur demande de choisir parmi des imprimantes 3D, des robots ou des tablettes et ordinateurs, a appris Le Journal.
Le ministère de l’Éducation a fait parvenir hier au réseau scolaire une lettre invitant chaque école à faire connaître ses « souhaits d’acquisition en matière d’équipement numérique » pour la rentrée. D’ici le 1er juin, les établissements devront choisir dans une « liste de produits sélectionnés », regroupés en trois catégories de « combos numériques » (voir encadré).
Cette « collecte d’informations », qui vise à évaluer les « besoins d’acquisition » des écoles, s’inscrit dans le cadre des travaux qui mèneront au lancement du Plan d’action numérique en éducation, d’ici la fin de l’année scolaire.
Le dernier budget provincial prévoit que 69 millions $ seront consacrés à des investissements dans les infrastructures numériques en éducation en 2018-2019. Une partie de cette somme servira à financer l’achat d’équipements dans les 3000 écoles primaires et secondaires de la province, une des « mesures phares » du plan d’action, indique-t-on.
De la formation et de l’accompagnement pour les enseignants et le personnel scolaire seront aussi offerts à partir de la rentrée.
Pour Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation, il s’agit d’un « premier pas dans la bonne direction ».
Ce professeur de l’Université de Montréal se réjouit que Québec permette cette fois-ci à chaque école de faire des choix plutôt que d’imposer une technologie « mur-à-mur », comme ce fut le cas pour les tableaux blancs interactifs.
« Laisser le choix aux écoles, ça ne peut être que gagnant. Ça amène les gens à se mobiliser et à réfléchir », dit-il.
DES « JOUETS COÛTEUX »
M. Karsenti s’étonne toutefois de voir apparaître des imprimantes 3D et des traceurs de découpe au laser dans la liste de produits sélectionnés par Québec.
Il s’agit d’appareils complexes, beaucoup moins évidents à utiliser en classe, souligne cet expert. Leur coût d’entretien est aussi très élevé.
« Une imprimante 3D dans une école secondaire, c’est un jouet coûteux. Ça me surprend que Québec veuille aller dans cette direction, mais ultimement, ce sera le choix des écoles » qui devront être conscientes des avantages et défis de chaque produit, affirme-t-il. Reste aussi à voir quelle somme sera octroyée à chaque école pour ces achats.
Même si le piètre état des écoles de la province a encore une fois défrayé la chronique récemment, Québec « ne peut pas attendre d’avoir rénové toutes les écoles du Québec avant d’investir dans le numérique », ajoute M. Karsenti. « On serait alors beaucoup trop en retard », lance-t-il.