Québec veut geler des sols contaminés
LA technique envisAgée pAr le gouvernement provinciAl est lA mlme utilisée À FukushimA, Au JApon
BÉCANCOUR | QuéBec envisAge d’investir près de 14 millions g pour emprisonner pAr le gel des dizAines de milliers de tonnes de mAtières dAngereuses qui polluent lA nAppe phréAtique À BécAncour.
Le gouvernement est pris avec une patate chaude depuis 2009. Les entreprises Recyclage aluminium Québec et Alsa Aluminium ont laissé à l’abandon un site grand comme 40 terrains de football sur le chemin Louis-Riel à Bécancour, dans le Centre-duQuébec. Le terrain a déjà contenu 368 000 tonnes métriques de résidus d’aluminium, un produit hautement toxique.
Or, les cellules visant à prévenir les écoulements ne sont plus étanches. Le Journal révélait en 2016 que déjà 184 000 tonnes de matières dangereuses contenues sur les terrains s’étaient échappées et contaminent la nappe phréatique.
Manipuler et transporter les sols contaminés serait trop dangereux en raison de gaz toxiques et inflammables.
1050 MÈTRES GELÉS
Le gouvernement explore actuellement d’autres solutions, dont la mise en place d’une barrière gelée d’une longueur d’un kilomètre directement dans le sol, qui empêcherait tout contact entre l’eau et les matières dangereuses.
La stratégie serait d’utiliser 386 thermosiphons, qui ressemblent à des tubes remplis de réfrigérant, plantés dans le sol à chaque 2,7 m. Ils seraient alimentés par huit compresseurs de 15 tonnes.
Une fois le tout en place, il faudrait jusqu’à 531 jours pour que le sol soit gelé jusqu’au roc. L’épaisseur du mur de gel est estimée à 4,1 m, avec une température interne de -20 degrés Celsius.
Le Journal a mis la main sur l’étude de préfaisabilité réalisée par la firme SNC-Lavalin au coût de 34 500 $.
Des essais pilotes et études techniques de ce type de technologie ont été réalisés ailleurs dans le monde, surtout pour les déchets nucléaires.
L’étude de préfaisabilité fait référence au centre nucléaire de Fukushima, au Japon, et également au Laboratoire national d’Oak Ridge, au Tennessee, qui ressemble davantage au cas de Bécancour. Il s’agirait toutefois d’une première au Québec.
COÛTS
Les coûts totaux d’ingénierie et de construction pour l’ensemble du site sont estimés à 13,6 M$. À cela s’ajoutent des frais d’opération, de maintenance et de suivi environnemental de 3,4 M$ par année, dont 40 000 $ de consommation énergétique.
Ce montant inclut aussi le pompage et le traitement des eaux.
Le ministère de l’Environnement n’a pas encore arrêté sa décision, et la barrière gelée n’est qu’un scénario possible. Québec n’a pas souhaité commenter.