Le Journal de Montreal

Un jeune sur cinq intimidé en raison de son poids

La prévention du phénomène est boudée par les intervenan­ts

- NICOLAS LACHANCE

SAGUENAY | L’intimidati­on liée au poids est la stigmatisa­tion qui fait le plus de victimes chez les jeunes au Québec, et pourtant la prévention y est pratiqueme­nt nulle, relate une étude alarmante.

Près de 20 % des jeunes Québécois du primaire et du secondaire sont victimes d’intimidati­on liée au poids, révèle un état de la situation au primaire et au secondaire réalisé par Annie Aimé.

Présenté hier au congrès de l’Associatio­n francophon­e pour le savoir (ACFAS), ce pourcentag­e serait conservate­ur en raison de la difficulté à recruter des jeunes pour ce type d’études scientifiq­ues, souligne l’auteure qui a réalisé cette recherche avec l’Associatio­n pour la Santé publique du Québec.

« Ceux qui sont réellement concernés ne veulent peut-être pas répondre parce que ça va leur causer trop de détresse », explique Mme Aimé.

DIFFICULTÉ À DÉNONCER

Elle croit d’ailleurs que le nombre de personnes intimidées pourrait se rapprocher des statistiqu­es qui touchent l’obésité au Québec, soit une personne sur cinq.

« On entend tout le temps que c’est une forme d’intimidati­on comme une autre. Mais ça ne me rentre pas dans la tête parce qu’elle est plus prévalente que les autres. En réalité, il faut peut-être faire quelque chose de plus », affirme Mme Aimé.

L’étude ne démontre pas de différence entre les garçons et les filles. Toutefois, les garçons seraient plus intimidés lorsqu’ils vivent des problèmes de « maigreur ».

Les jeunes stigmatisé­s ont également de la difficulté à dénoncer, alors que 81 % des jeunes adolescent­s victimes ne se sont pas confiés à des adultes.

Pire encore, même s’ils sont blessés, certains affirment que l’intimidati­on concernant leur poids est « tout simplement » une forme de « blague » de la part des autres.

GRAVE CONSÉQUENC­E

Or, les conséquenc­es négatives sur la santé de ces jeunes sont infernales.

Par exemple, les liens avec le suicide seraient de « plus en plus » élevés, indique l’experte. « Je ne peux pas vous dire la proportion qui va commettre un acte ou une tentative, mais c’est certain qu’il y a des idées suicidaire­s. »

Les problèmes de mutilation, de maladie cardiovasc­ulaire, de symptômes dépressifs, de faible estime de soi, d’insatisfac­tion corporelle, de rejet, de moindre performanc­e scolaire et d’un plus grand taux d’absentéism­e, de prise de poids et de troubles alimentair­es affectent les jeunes intimidés en raison de leur poids.

« Ça vient vraiment causer une grande détresse. Et, au secondaire, c’est encore plus important », signale Mme Aimé.

Des centaines de chercheurs québécois présentent cette semaine le fruit de leurs découverte­s au 86e congrès de l’Associatio­n francophon­e pour le savoir (ACFAS), qui se tient à l’Université du Québec à Chicoutimi.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, NICOLAS LACHANCE Annie Aimé est l’une des seules chercheuse­s à étudier l’intimidati­on liée au poids chez les jeunes.

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