Des religions dans la mire de la DPJ
Les services sociaux québécois sont débordés par des cas complexes d’abus chez les enfants
QUÉBEC | Les interventions auprès des familles prises dans les griffes de sectes sont en hausse au Québec, et les services sociaux sont surpris par la complexité des cas d’abus chez les enfants.
Interdiction de manger puis de dormir, rites de passage pour les adolescentes, sévices corporels, absences scolaires et jeunes isolés de la société : les cas d’abus constatés sont nombreux et les signalements retenus par la DPJ ont augmenté.
Dernièrement, des dizaines de dossiers liés à des familles membres du Centre évangélique Parole de Vie à Québec ont été ouverts à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), a appris Le Journal.
Toutefois, comme le dossier est judiciarisé et qu’il implique des mineurs, aucun détail ne peut être révélé.
PLUS D’INTERVENTIONS
Les interventions auprès de familles endoctrinées sont en croissance au Québec, admet la DPJ. Sans commenter de dossiers particuliers, Patrick Corriveau, le directeur adjoint à la protection de la jeunesse au CIUSSS de la Capitale-Nationale, précise qu’il est très compliqué d’intervenir auprès des familles qui sont sous l’influence d’une religion en marge de la société.
« C’est très complexe parce que ce sont des milieux très isolés. Lorsque nous avons un angle de prise, généralement nous allons avoir des gens qui vont nier », indique-t-il.
« Ils nient s’il y a un signalement en abus physique, s’il y a un signalement pour non-fréquentation scolaire. Ils vont expliquer par tous les moyens possibles et impossibles que l’État n’a pas d’affaire dans leur vie. L’État est perçu comme un persécuteur. »
CONTRÔLE TOTAL
Généralement, l’information est très contrôlée par « le gourou ou le pasteur », affirme la DPJ. Cette même personne a une emprise totale sur la communauté, explique-t-on.
« Il va contrôler l’aspect financier, l’aspect du sommeil, des méthodes éducatives des enfants », signale M. Corriveau.
Il soutient que des parents perdent ainsi tout jugement et deviennent incapables de reconnaître ce qui est acceptable ou inacceptable pour leur enfant.
Pour la DPJ, c’est lorsqu’il y a une rupture avec les valeurs et les normes sociales qu’ils doivent intervenir.
MÉTHODES DIFFÉRENTES
La DPJ travaille étroitement avec les services de police et le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Cependant, contrairement aux policiers qui s’attardent à trouver des preuves hors de tout doute raisonnable, la DPJ a des moyens plus vastes et moins complexes pour intervenir.
« On n’a pas le même fardeau de preuve que les policiers. Nous, nous sommes axés sur l’enfant. Lorsqu’il y a de l’inquiétude pour de l’abus physique et sexuel, les enfants sont automatiquement retirés des familles pour une période », relate le directeur.