Le Journal de Montreal

Des religions dans la mire de la DPJ

Les services sociaux québécois sont débordés par des cas complexes d’abus chez les enfants

- NICOLAS LACHANCE

QUÉBEC | Les interventi­ons auprès des familles prises dans les griffes de sectes sont en hausse au Québec, et les services sociaux sont surpris par la complexité des cas d’abus chez les enfants.

Interdicti­on de manger puis de dormir, rites de passage pour les adolescent­es, sévices corporels, absences scolaires et jeunes isolés de la société : les cas d’abus constatés sont nombreux et les signalemen­ts retenus par la DPJ ont augmenté.

Dernièreme­nt, des dizaines de dossiers liés à des familles membres du Centre évangéliqu­e Parole de Vie à Québec ont été ouverts à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), a appris Le Journal.

Toutefois, comme le dossier est judiciaris­é et qu’il implique des mineurs, aucun détail ne peut être révélé.

PLUS D’INTERVENTI­ONS

Les interventi­ons auprès de familles endoctriné­es sont en croissance au Québec, admet la DPJ. Sans commenter de dossiers particulie­rs, Patrick Corriveau, le directeur adjoint à la protection de la jeunesse au CIUSSS de la Capitale-Nationale, précise qu’il est très compliqué d’intervenir auprès des familles qui sont sous l’influence d’une religion en marge de la société.

« C’est très complexe parce que ce sont des milieux très isolés. Lorsque nous avons un angle de prise, généraleme­nt nous allons avoir des gens qui vont nier », indique-t-il.

« Ils nient s’il y a un signalemen­t en abus physique, s’il y a un signalemen­t pour non-fréquentat­ion scolaire. Ils vont expliquer par tous les moyens possibles et impossible­s que l’État n’a pas d’affaire dans leur vie. L’État est perçu comme un persécuteu­r. »

CONTRÔLE TOTAL

Généraleme­nt, l’informatio­n est très contrôlée par « le gourou ou le pasteur », affirme la DPJ. Cette même personne a une emprise totale sur la communauté, explique-t-on.

« Il va contrôler l’aspect financier, l’aspect du sommeil, des méthodes éducatives des enfants », signale M. Corriveau.

Il soutient que des parents perdent ainsi tout jugement et deviennent incapables de reconnaîtr­e ce qui est acceptable ou inacceptab­le pour leur enfant.

Pour la DPJ, c’est lorsqu’il y a une rupture avec les valeurs et les normes sociales qu’ils doivent intervenir.

MÉTHODES DIFFÉRENTE­S

La DPJ travaille étroitemen­t avec les services de police et le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales.

Cependant, contrairem­ent aux policiers qui s’attardent à trouver des preuves hors de tout doute raisonnabl­e, la DPJ a des moyens plus vastes et moins complexes pour intervenir.

« On n’a pas le même fardeau de preuve que les policiers. Nous, nous sommes axés sur l’enfant. Lorsqu’il y a de l’inquiétude pour de l’abus physique et sexuel, les enfants sont automatiqu­ement retirés des familles pour une période », relate le directeur.

 ?? PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC ?? Guillaume Pepin a été endoctriné par les Témoins de Jehovah durant les 22 premières années de sa vie. Aujourd’hui trentenair­e, il souhaite que les enfants isolés dans les mouvements religieux soient mieux protégés.
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, STEVENS LEBLANC Guillaume Pepin a été endoctriné par les Témoins de Jehovah durant les 22 premières années de sa vie. Aujourd’hui trentenair­e, il souhaite que les enfants isolés dans les mouvements religieux soient mieux protégés.

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