Le Journal de Montreal

L’immigratio­n au coeur de la prochaine campagne ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com

La question de l’immigratio­n est aujourd’hui au coeur de la vie politique occidental­e. C’est normal : il s’agit assurément de la question la plus importante de notre temps.

L’immigratio­n massive frappe toutes les sociétés occidental­es, qui ne savent ou ne veulent pas la contenir, comme si elles devaient consentir, pour des raisons morales ou humanitair­es, à leur transforma­tion démographi­que. On le voit en Europe, où on assiste à un détourneme­nt à grande échelle du droit d’asile pour normaliser juridiquem­ent une immigratio­n massive que les peuples refusent.

QUÉBEC

On le voit même ici, dans de plus modestes proportion­s évidemment, avec le chemin Roxham, qui est devenu la porte d’entrée pour pénétrer au Canada illégaleme­nt avec la complaisan­ce d’Ottawa.

Cela dit, si la question de l’immigratio­n suscite les passions, elle ne parvient pas, ici, à prendre toute la place politique qui devrait lui revenir.

Nous la réduisons à celle d’une pénurie de main-d’oeuvre bien plus complexe qu’il n’y paraît. On ajoute que si l’immigratio­n massive ne tient pas ses promesses économique­s, c’est à cause du racisme systémique québécois.

Les partis politiques euxmêmes refusent de parler sérieuseme­nt de cet enjeu. Car il suffit de ne pas réciter le petit catéchisme des partisans de l’immigratio­n massive pour subir les classiques accusation­s de racisme. Le politiquem­ent correct verrouille le débat public. Alec Castonguay, de L’Actualité, a mis la main sur un document interne de la CAQ, qui explique sa politique migratoire.

Dans notre vie politique, la CAQ passe pour le parti le plus critique de l’immigratio­n massive. Certes, on trouve dans ce document des mesures bien pensées pour favoriser l’intégratio­n des immigrés.

Mais sur l’essentiel, la CAQ se couche. Officielle­ment, elle veut réduire les seuils d’immigratio­n de 50 000 à 40 000 par année.

C’est une réduction essentiell­ement cosmétique. Il faudrait réduire les seuils bien davantage. Mais la CAQ, au contraire, précise que cette baisse sera temporaire, et que les seuils pourront ensuite être haussés à nouveau.

En d’autres mots, la CAQ considère que la norme doit demeurer 50 000 immigrés par année et n’entend la transgress­er que le temps de faire croire qu’elle a du courage. Appelons ça la stratégie du bluff.

Pourquoi est-il si urgent de baisser les seuils ? Cela tient en une formule : l’intégratio­n ne fonctionne tout simplement pas. L’anglicisat­ion de Montréal en est un exemple, la multiplica­tion des forteresse­s libérales en est une autre.

Car les nouveaux arrivants n’adoptent pas les comporteme­nts électoraux de la majorité historique francophon­e. C’est-à-dire qu’ils demeurent trop souvent extérieurs à ses préoccupat­ions collective­s.

CAQ

Pour vraiment s’intégrer, les immigrés doivent s’installer dans une masse culturelle francophon­e, à laquelle ils s’identifier­ont par la force des choses. Ce n’est pas le cas en ce moment.

À Montréal, et maintenant à Laval, les immigrés s’installent au contact d’autres immigrés plus ou moins intégrés. Si on veut éviter que le Québec ne se casse en deux, il faut avoir le courage de vraiment réduire les seuils.

Ce courage, pour l’instant, personne ne l’a.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada