Premier jouet trans créé au Québec
Produit en 500 exemplaires, les poupées russes Sam pourront servir notamment dans les écoles et garderies
Des enseignants et éducateurs en garderie qui accueillent de plus en plus des enfants transgenres dans leurs groupes, pourront bientôt utiliser un des 500 exemplaires du premier jouet conçu pour expliquer cette réalité.
Jacques Pétrin est un des premiers à avoir commandé des exemplaires de Sam, premier jouet transgenre au monde. Il croit que ses créateurs québécois ont bien fait de concevoir un jouet que les enfants pourront manipuler, au lieu des traditionnels livres ou campagnes de communication.
« Il y a des jeunes qui n’ont même pas commencé à apprendre à lire. Ça arrive souvent avant ça », dit M. Pétrin, en faisant référence au questionnements sur l’identité de genre. Il est coordonnateur de la Table nationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie des réseaux de l’éducation.
Depuis quelques années, les questions sur le sujet se posent de plus en plus souvent, que ce soit dans les écoles, les garderies, et même dans le milieu de la santé (voir autre texte).
SAM EN 6 PHASES
Afin d’enrayer la transphobie à la racine, l’agence LG2 et l’organisme Enfants transgenres Canada ont créé un jouet basé sur le modèle des poupées russes, accompagné d’un court film qui raconte l’histoire du personnage Sam.
Chaque poupée représente les étapes par lesquelles peuvent passer certains enfants qui se questionnent sur leur identité de genre. Par exemple, la deuxième poupée montre Sam, alors considéré comme une fillette, qui s’amuse naïvement à se dessiner une moustache.
La cinquième poupée montre Sam dans une phase plus sombre, où il éprouve de la tristesse à force de se sentir rejeté.
Les intervenants pourront donc présenter la vidéo aux enfants, les laisser s’amuser avec le jouet et les inviter à discuter de ce qu’ils ont retenu, prévoit M. Pétrin.
« Ça ne dit pas aux enfants comment être, mais plutôt comment accepter ceux qui vivent cela », explique le designer graphique Jean-Philippe Dugal, chez LG2, qui espère rien de moins que de « changer le monde » grâce à Sam.
« Il y a encore des gens qui croient que les enfants trans n’existent pas », abonde Annie Pullen Sansfaçon, vice-présidente d’Enfants transgenres Canada et professeure à l’Université de Montréal. Ironiquement, les enfants ont souvent plus de facilité à accepter et à comprendre la réalité transgenre que les adultes, ajoute-t-elle.
PAS EN VENTE
Enfants transgenres Canada, qui gérera la distribution du jouet, recevra 500 exemplaires dans les prochaines semaines. En quelques jours, les responsables ont déjà reçu une vingtaine de demandes, dont sept en milieu scolaire.
Ils comptent aussi laisser Sam gratuitement dans les écoles où ils se rendent déjà pour donner des formations.
Les créateurs ne comptent d’ailleurs pas s’enrichir avec le projet, qui a été rendu possible grâce à une subvention du ministère de la Justice et à de nombreux dons.
« Ce n’est pas quelque chose qu’on espère vendre chez Toys “R” Us », illustre Stéphanie Pellicer de LG2.