Le Journal de Montreal

Si le Québec tranchait ?

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le retour progressif des conservate­urs comme une force politique au Québec pourrait changer la donne. Pas seulement sur la scène politique québécoise, mais même à l’échelle du Canada.

Commençons par dire que les conservate­urs québécois ont livré la marchandis­e ce weekend. Tout y était. Un cahier de propositio­n susceptibl­e de plaire aux Québécois. Un ancien chef du Bloc qui signe sa carte de membre. Le maire de Trois-Rivières qui annonce subtilemen­t son goût de faire le saut avec Andrew Scheer.

Il reste du travail à faire, mais disons qu’on n’a pas vu une offensive aussi structurée des conservate­urs depuis belle lurette. Mettons dans la balance ce sondage publié dans le Globe and Mail qui montre une remontée de 12 points du parti, et tout semble indiquer le retour d’une véritable lutte « bleus contre rouges » au Québec.

TRUDEAU DOMINANT

Voici ce qui change le portrait. Depuis que Justin Trudeau dirige les destinées du Canada, il est essentiell­ement seul sur le terrain au Québec. La présence d’un autre parti qui le menace met une pression supplément­aire sur le premier ministre et son équipe. Il s’agit d’une bonne nouvelle. En politique, comme dans le commerce de détail, la concurrenc­e est une bonne chose qui sert les citoyens.

Ce qui change aussi la donne, c’est le fait que cette nouvelle concurrenc­e au Québec se passe entre les deux principaux partis au Canada : les libéraux et les conservate­urs. Ceux qui ont les véritables chances de former le prochain gouverneme­nt.

Or, si l’on regarde les tendances, ces deux formations sont tout près d’être nez à nez en additionna­nt les autres partis du Canada. On peut donc facilement imaginer un scénario où les 78 sièges du Québec feraient la différence, carrément. En somme, le Québec choisirait qui dirigera le Canada. Trudeau ou Scheer ? Justin ou Andrew ? Les libéraux ou les conservate­urs ?

Les Québécois pourraient même prendre goût à cette position stratégiqu­e. Personne ne peut se foutre du Québec. Les deux chefs et leur parti se retrouvera­ient en obligation absolue de nous faire les yeux doux.

ON VOUS ÉCOUTE !

L’électeur québécois confortabl­ement installé dans son fauteuil écouterait ce que chacun a à offrir. On nous promettrai­t fidélité, respect de nos compétence­s, reconnaiss­ance de nos différence­s, budgets pour nos infrastruc­tures, etc. Un scénario rêvé !

Surtout, il s’agit d’un scénario qui détonne par rapport aux dernières décennies de politique fédérale en sol québécois. Dans les belles années du Bloc québécois, le Québec se donnait une voix propre. Des députés qui n’auraient pas à faire de compromis pancanadie­ns. Du même coup, le Québec s’excluait largement du pouvoir.

Puis, la vague orange a envoyé une cohorte de députés néo-démocrates qui devenaient les critiques de Stephen Harper. Pas plus au pouvoir. En 2014, les Québécois ont fourni à Justin Trudeau sa majorité.

Il faut remonter aux années 80 pour retrouver une configurat­ion politique où les sièges québécois déterminen­t tout simplement le gagnant.

En termes de pouvoir québécois à Ottawa, c’est probableme­nt une nouvelle ère qui se prépare.

En octobre 2019, le vote des Québécois pourrait déterminer le gagnant entre Justin Trudeau et Andrew Scheer.

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