Le Journal de Montreal

Ottawa doit cesser d’acheter de la pub de Facebook, selon Péladeau

Les géants du web accaparent les revenus publicitai­res au détriment des médias

- PHILIPPE ORFALI

En attendant de forcer les géants du web à payer les mêmes impôts que les autres entreprise­s, Ottawa doit au minimum cesser d’acheter de la publicité sur ces sites. C’est l’avis du PDG de Québecor Pierre Karl Péladeau et de la fiscaliste Marwah Rizqy.

En plus de payer des impôts minimes sur leurs activités canadienne­s, les entreprise­s comme Google, Apple, Facebook et Amazon bénéficien­t de millions de dollars en achat publicitai­re de la part du gouverneme­nt fédéral, indiquent les données du ministère des Services publics et de l’Approvisio­nnement.

Ottawa a dépensé pas moins de 16,8 millions de dollars en publicité sur ces sites web l’an dernier.

Pour la première fois, les achats numériques étaient supérieurs à ceux consacrés aux médias traditionn­els.

À elle seule, la facture refilée par Facebook à Ottawa pour ses achats s’est élevée à 4,6 millions de dollars, trois fois plus que l’année précédente.

PARASITISM­E

« C’est hallucinan­t », a lancé le président et chef de la direction de Québecor lors d’une table ronde sur la fiscalité des grandes entreprise­s numériques à laquelle il participai­t, dans le cadre du congrès de l’Associatio­n des économiste­s québécois.

« Quel modèle sommes-nous en train d’encourager? Ils n’ont aucune salle de rédaction ces gens-là. Ils parasitent ceux qui créent des emplois et paient des impôts. J’invite Ottawa à réfléchir très sérieuseme­nt pour qu’ils canalisent l’argent des contribuab­les aux bons endroits. »

Ces entreprise­s intercepte­nt aujourd’hui près de 80 % des revenus publicitai­res au pays, tout en diffusant les contenus des entreprise­s de presse traditionn­elles, qui se retrouvent avec des miettes, a rappelé Mme Rizqy, une ex-candidate du Parti libéral du Canada. La professeur­e s’indigne de l’inaction de son ancien parti.

« Tous les jours, ils nous parlent de l’intelligen­ce artificiel­le. J’aimerais qu’ils fassent, eux, preuve d’intelligen­ce. De gros bon sens. Il est minuit moins une pour les journaux. »

PAS D’OBNL

Par ailleurs, les quotidiens de Québecor, dont Le Journal, n’auront pas recours à la philanthro­pie pour financer la production de journalism­e de qualité, contrairem­ent au Devoir ou à La Presse, a affirmé hier Pierre Karl Péladeau.

« Ce n’est pas une avenue que nous sommes en train d’analyser », a-t-il dit.

L’entreprise présente dans les secteurs des télécommun­ications (Vidéotron), de la presse écrite ainsi qu’en télévision (TVA) mise sur la convergenc­e dans le but de diffuser son contenu d’informatio­n et de divertisse­ment « sur le plus grand nombre de plateforme­s possible » et ainsi générer des profits, a-t-il soutenu.

La semaine dernière, Power Corporatio­n, propriétai­re de La Presse, a annoncé que le quotidien deviendra un organisme sans but lucratif (OBNL) et commencera à solliciter des dons afin de financer ses activités.

 ?? PHOTO PATRICK SÉGUIN ?? « Ce n’est pas Amazon qui va financer notre éducation, ni Apple notre système de santé », a soutenu le PDG de Québecor Pierre Karl Péladeau (deuxième à partir de la gauche) lors d’un panel de l’Associatio­n des économiste­s québécois auquel participai­ent...
PHOTO PATRICK SÉGUIN « Ce n’est pas Amazon qui va financer notre éducation, ni Apple notre système de santé », a soutenu le PDG de Québecor Pierre Karl Péladeau (deuxième à partir de la gauche) lors d’un panel de l’Associatio­n des économiste­s québécois auquel participai­ent...

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