« J’ai mon carré de sable »
– Joël Bouchard, nouvel entraîneur-chef du Rocket
Joël Bouchard a finalement accepté de partir de son bébé, l’Armada de Blainville-Boisbriand dans la LHJMQ, pour embrasser un nouveau projet. Si c’était écrit dans le ciel depuis maintenant quelques semaines qu’il ferait le saut au sein de l’organisation du Canadien, on connaît maintenant son rôle. Il remplacera Sylvain Lefebvre derrière le banc du Rocket de Laval.
Dans une salle de conférence à la Place Bell de Laval, Bouchard était radieux et toujours aussi en verve. Assis à ses côtés, Marc Bergevin regardait son ami de longue date et nouvel homme de hockey avec une grande admiration.
« Il s’agira d’une école extraordinaire pour moi, a dit Bouchard. J’ai hâte de bâtir une relation avec mes joueurs et de vivre une nouvelle aventure. Pour moi, c’était la seule job que je pouvais accepter. J’avais parlé à plusieurs autres équipes, j’avais reçu d’autres occasions au niveau de la LNH. Je reste dans la région, mon équipe junior est à 20 minutes. J’ai grandi en regardant le Canadien. Il n’y a pas de négatif. »
Bouchard s’attend à une transition assez simple chez les professionnels.
« Coacher, c’est coacher, a-t-il répliqué. Moi, je veux juste être Joël Bouchard. La journée où j’essaie d’être un entraîneur différent, je suis dans le trouble. Je ne vivrai pas dans les menteries, je ne suis pas assez intelligent pour ça, mais je vis dans le respect et je suis dur avec mes gars et je vais être dur encore. »
Geoff Molson et Bergevin promettaient des changements. Un peu plus d’un mois après la fin de la désastreuse saison 2017-2018, le CH a passé un coup de balai à plusieurs endroits. À Laval, Lefebvre, Donald Dufresne et Nick Carrière ont perdu leur emploi. À Montréal, Jean-Jacques Daigneault et Daniel Lacroix ont subi le même sort, tandis que Rick Dudley a pris la route de la Caroline.
UN BON VENDEUR
Après l’embauche de Dominique Ducharme comme adjoint à Julien, Bergevin a engagé une autre très bonne tête de hockey de la LHJMQ.
« Tu t’assois et tu fais une liste, a mentionné Bergevin. Tu discutes à l’interne et tu regardes ça. Les noms qui revenaient toujours étaient ceux de Dominique et de Joël. J’aime l’énergie de Joël. Son équipe est toujours sur la rondelle. Il a une bonne structure. Un coach est un vendeur. Il doit vendre son système et ce qu’il croit. Quand il y a une zone grise, les joueurs resteront dans la zone grise. Il n’y a pas de gris avec Joël. Les joueurs achètent son système. Et je crois que ce sera la même chose chez les pros. »
Jean-François Fortin, un adjoint de Bouchard avec l’Armada, a aussi corroboré les dires du DG du Tricolore.
« Joël vendrait un frigidaire à un Eskimo, a dit Fortin au Journal. Plus sérieusement, il est probablement la meilleure tête de hockey des trois ligues juniors au Canada. Le hockey, c’est sa vie et il l’enseigne bien. »
LA FIBRE DU CH
Pour reprendre les mots de Bergevin, Bouchard a grandi à Tétreaultville, dans l’Est de Montréal, mais il a grossi à Verdun où il a joué son hockey junior en plus d’agir comme adjoint à Pascal Vincent, avec Dominique Ducharme, plusieurs années plus tard.
À 44 ans, l’ancien défenseur de la LNH s’associera pour une première fois au CH, l’équipe de son enfance.
« Comment il ne peut pas y avoir une fibre? J’ai pris le pouls du Canadien quand je travaillais à RDS, a-t-il affirmé. On me parlait du CH quand j’allais à l’épicerie ou pour de l’essence. L’importance du Canadien au Québec, c’est quelque chose d’inestimable. »
LE PATRON DU ROCKET
S’il portait de multiples chapeaux avec l’Armada, comme actionnaire minoritaire, directeur général et entraîneur en chef, Bouchard se contentera d’un seul titre avec le Rocket. Mais il n’aura pas moins de pouvoir.
« Il faut faire attention, a-t-il précisé. Je donnerai mon avis. Je parlerai sur une base quotidienne avec les dirigeants du CH. Marc veut que ça marche, je veux que ça marche. Nous sommes tous dans le même bateau. Avec Hockey Canada, je ne gérais pas tout à 100 %. Je faisais partie d’une grande structure. Le Canadien est aussi une grande structure. Avec l’Armada, c’était plus petit, c’était du junior. »
« J’ai un mandat ici, j’ai mon carré de sable et c’est ça que je veux, a-t-il enchaîné. Pour moi, la Ligue américaine a son propre code postal. Le patron dans la Ligue américaine, c’est le coach. C’est lui. On peut dire les vraies choses. »