La monarchie est contestée au Canada
Deux enseignants de la Faculté de droit de l’Université Laval contestent devant les tribunaux le changement des règles de succession au trône.
Ils espèrent que leur démarche forcera le gouvernement à rouvrir la Constitution et ainsi amener un débat sur l’avenir de la monarchie au Canada.
En 2011, le Parlement britannique a modifié les règles de succession au trône. Dorénavant, une femme a autant de chances qu’un homme d’y accéder.
Le Canada, à l’instar des 14 autres pays du Commonwealth qui ont le souverain britannique comme chef d’État, a emboîté le pas en adoptant une simple loi au Parlement quelques mois plus tard.
« Le gouvernement Harper n’a pas consulté les provinces. Or, c’est contraire aux dispositions de la Constitution de 1982, qui précise que tout changement au rôle de la Couronne doit se faire à l’unanimité », plaide Me Patrick Taillon, l’un des contestataires.
Leur cause a été entendue par la Cour d’appel du Québec en février dernier après avoir été déboutée deux ans plus tôt.
« Si on gagne, ça pourrait être l’occasion d’ouvrir une ronde de négociations constitutionnelles. Ça ouvrirait le débat, non seulement sur la monarchie, mais aussi sur la place du Québec dans le Canada et sur les droits autochtones », espère Me Taillon.
LE ROYAUME DU QUÉBEC
Le politicologue Marc Chevrier, un militant républicain qui suit le dossier de près, ne se fait toutefois pas d’illusions. La monarchie reste un symbole identitaire très fort au Canada.
« Contrairement à la croyance populaire, les Québécois sont aussi très attachés aux vestiges, tant britanniques que français, de la monarchie. On n’a qu’à penser à la médaille du lieutenant-gouverneur. Dès qu’il y a une notion de prestige, on évoque la royauté », se désole l’auteur de La République québécoise, qui regrette que même au sein du mouvement souverainiste l’abolition de la monarchie ne semble pas être une priorité.
« Je peux comprendre que les Britanniques, les Espagnols ou les Belges aiment leur famille royale. Elles sont profondément liées à leur histoire. Mais au Québec, elle n’habite même pas ici. C’est un symbole néocolonial », argumente-t-il.