L’absolution pour de la porno juvénile ?
Un ancien vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait éviter d’avoir un casier judiciaire, même s’il a conservé pendant 20 ans des milliers d’images de pornographie juvénile.
« Robert Côté a entamé une thérapie, il est retourné aux études pour réorienter sa carrière, il a respecté ses conditions… Il en a fait plus que ce que le client en demandait », a plaidé l’avocat de la défense Martin Latour hier, afin de justifier la demande de clémence au tribunal.
Côté, un avocat de 54 ans, était, en 2015, vice-président des affaires légales et des investissements de la Caisse. Sa carrière allait bien, et il avait même déjà reçu le titre de « conseiller juridique de l’année ».
DISQUETTES
Malgré les apparences de succès, Côté était en dépression. « J’étais en période d’autodestruction solide », a-t-il dit à la cour hier, au palais de justice de Montréal.
Certaines personnes en épuisement professionnel sombrent dans l’alcoolisme, a plaidé son avocat. D’autres se tournent vers le jeu ou la drogue, a-t-il ajouté. Côté, lui, s’est mis à consommer de la pornographie de manière compulsive.
C’est à ce moment qu’il s’est souvenu qu’en 1997, il avait sauvegardé de la pornographie juvénile sur des disquettes. Il a retrouvé les disquettes, et il a ainsi transféré environ 15 000 images sur son ordinateur.
À la demande d’un internaute avec qui il discutait, Côté en a exhibé, ce qui lui a valu d’être dénoncé à la police.
« Quand les policiers sont arrivés, M. Côté était soulagé. Il a collaboré en donnant les disquettes et même ses mots de passe », a souligné Me Latour.
L’accusé, de son côté, est allé encore plus loin. « Vous m’avez sauvé la vie à ce moment-là », a-t-il dit en remerciant la procureure de la Couronne Cynthia Gyenizse.
ABSOLUTION
Normalement, une peine minimum d’incarcération est prévue pour les personnes accusées de possession de pornographie juvénile. Sauf que ce minimum n’existait pas quand Côté a commencé à en consulter, si bien qu’il pourrait ainsi éviter la prison.
Il pourrait même obtenir l’absolution, si la juge Silvie Kovacevich entérine la suggestion des avocats.
Cela permettrait à Côté de voyager une fois qu’il aura fini de réorienter sa carrière en histoire de l’art.
Depuis qu’il a été accusé en 2015, Côté a fait du bénévolat dans un organisme venant en aide aux artistes, et le risque de récidive est considéré comme faible.
La juge a dit qu’elle réfléchira à la suggestion et qu’elle rendra bientôt la sentence.