Les amours du rouquin coquin royal
Je ne suis pas de ceux qui vomissent la monarchie en soi. Dans certains pays, elle appartient à ce qu’on pourrait appeler l’imaginaire historique. C’est une institution honorable qui peut représenter un symbole d’unité nationale, au-delà des divisions politiques inévitables en démocratie.
CULTURE
Elle représente aussi, dans une époque caractérisée par la frénésie du changement, une forme de permanence qui façonne l’identité culturelle d’un pays. C’est notamment le cas au Royaume-Uni et on peut comprendre les Britanniques de s’y montrer attachés. Ils témoignent ainsi de leur fidélité à leur propre histoire.
Cela dit, la monarchie, depuis les années Lady Di, s’est étrangement délivrée des codes de la tradition pour se réinventer sur le mode people. Autant on peut dire qu’Elizabeth II a servi son pays dignement, autant les autres figures de la famille royale versent dans le bling-bling et le jet set. C’est à cette lumière qu’on peut comprendre le délire autour du mariage princier. On veut vendre à la planète au grand complet une histoire d’amour féérique. Il n’est pas interdit de penser qu’au fond d’eux-mêmes, la plupart des gens se fichent absolument de cet événement.
Ajoutons à cela la dimension québécoise, maintenant. La couronne britannique, dans notre histoire, est un symbole d’oppression. Évidemment, avec le temps, elle s’est effacée de notre vie. Aujourd’hui, c’est une trace résiduelle et archaïque dans notre vie politique. On aimerait bien qu’elle disparaisse, mais personne ne croit urgent de s’en débarrasser.
QUÉBEC
Mais pourquoi devrions-nous nous passionner pour elle ? Au-delà de notre soumission imbécile à l’empire du show-business mondial, pourquoi devrions-nous nous intéresser aux amours du rouquin coquin de la famille royale ? Sommes-nous obligés de vivre au rythme d’une histoire qui n’est pas la nôtre et d’une fête qui ne nous concerne pas ?
Ce mariage m’inspire finalement ces cinq petits mots : vive la République du Québec !