Le Journal de Montreal

Connectés à la sainte mamelle

- MARIO DUMONT Économiste, animateur et chroniqueu­r c mario.dumont @quebecorme­dia.com L @mariodumon­t

Le Journal a publié cette semaine les chiffres du financemen­t obtenu par les partis politiques québécois depuis le début de cette année électorale. On y constatait d’abord la faible performanc­e de la CAQ, malgré son avance dans les sondages, puis la première position du PQ qui semble mieux structuré.

Par contre, le constat qui frappe vraiment, c’est que les montants sont minimes. Le financemen­t recueilli auprès des partisans n’a plus beaucoup d’importance. Il représente­ra à peine entre 10 et 20 % de l’argent dépensé par les partis. Le reste proviendra de l’État.

NOS TAXES

Depuis 2013, les partis politiques québécois vivent d’abord et avant tout avec l’argent de nos taxes et impôts. Les versements sont établis selon le nombre de votes à la dernière élection. Cette nouvelle politique est le résultat du traumatism­e de la commission Charbonnea­u.

Financemen­t politique et corruption sont devenus synonymes. Pourtant, le financemen­t politique existe dans toutes les démocratie­s sur terre, avec divers niveaux d’encadremen­t. La situation que nous avons créée au Québec est rarissime, si jamais elle existe ailleurs.

Ces données m’ont fait réfléchir cette semaine, surtout en faisant le lien avec la volonté de La Presse de se transforme­r en OSBL pour aller chercher des fonds publics. Plusieurs voix qui appuient cette demande soutiennen­t que les médias d’informatio­n devront être de plus en plus fortement soutenus par l’État dans les années à venir.

TOUS DANS L’ÉTAT !

Imaginez une scène politique où des partis financés par l’État s’affrontera­ient dans une campagne électorale rapportée au public par des médias financés par l’État. Wow ! Tout l’écosystème médiatique et politique serait comme une grosse société d’État.

Par souci de faire des économies d’échelle, je proposerai­s alors qu’on héberge tout ce beau monde au même endroit. Pourquoi donner des fortunes à chacun pour qu’il aille payer des loyers à des propriétai­res privés ? Tant qu’à tous être financés par l’État, on vous loge dans le complexe G. Chacun son étage !

Carlos Leitao fait les budgets des médias et de tous les partis, ça sera bien géré. Le PQ en charge des ascenseurs, avec leur grand déblocage, ce ne sera jamais congestion­né. Et en plus, ils connaissen­t ça les hauts et les bas. La CAQ achète les provisions, ils encourager­ont les produits québécois. Québec solidaire en charge de la cafétéria, on va manger bio et équitable !

Médias et partis politiques devraient aussi confier leurs services de paye au système Phénix. Une autre belle mesure d’économie !

Les journalist­es se rendront aux conférence­s de presse en ascenseur, les enveloppes jaunes contenant les dossiers secrets seront simplement laissées dans les pots de fleurs dans le hall d’entrée. Tout est plus efficace dans ce modèle complèteme­nt étatique !

Le plus comique, c’est que dans un tel monde où tout serait financé par l’État, il se trouverait des partis politiques pour évoquer la dangereuse montée de la droite et le démantèlem­ent de notre État. Et ils gagneraien­t des votes avec cela.

J’exagère. Oui. Mais, si la tendance se maintient…

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SAMEDI 19 MAI 2018
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Pourrions-nous vivre dans une société où les médias et les partis politiques seraient tous financés par l’État ?

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