Le Journal de Montreal

Desjardins par la bouche de Dieu...

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Il y a eu Mère Teresa, gardienne des pauvres. Il y a maintenant Guy Cormier, gardien de la rentabilit­é.

Grand gourou du profit, le président du Mouvement Desjardins s’est récemment exprimé devant ses ouailles. Évidemment, les questions étaient acerbes, mais les conclusion­s et conséquenc­es seront comme une douce brise d’été sur la nuque des Québécois.

Un spectacle organisé pour calmer la grogne. Voilà en quoi consistait le show de boucane de cette commission parlementa­ire. Qu’ils soient bleu ou rouge, les gouverneme­nts ont toujours eu un faible pour les Desjardins de ce monde. Allez savoir pourquoi…

L’invitation était trop alléchante pour être refusée. Une chance inouïe pour M. Cormier de marteler son message à l’infini. Cette technique n’est guère nouvelle, mais elle prend tout son sens dans le contexte actuel du contrôle des élites. Paul Joseph Goebbles, le non moins célèbre homme d’État allemand, expert en propagande et en manipulati­on des masses, disait qu’un mensonge répété 10 fois reste un mensonge, mais qu’un mensonge répété 10 000 fois devient une vérité. Vous comprendre­z donc que tout message organisé, média- tisé, fréquemmen­t dit et redit, venant de la bouche d’un homme à cravate, se transforme en un miel d’un goût exceptionn­el.

QUE DISSIMULE CETTE OBSESSION DES HYPER PROFITS ?

Deux milliards d’excédent en 2017, ce n’est pas des pacotilles. Pour bien comprendre, je dirai 2000 millions pour rendre la chose plus vulgaire. Évidemment, ça semble des peanuts pour les gens riches, célèbres... et bien entourés dans ce merveilleu­x monde des élites québécoise­s.

Ne restons pas surpris, l’an prochain, de voir bondir le salaire de ces dirigeants. Au-delà de la sacro-sainte âme du dévouement suprême, cette caste cherche à nous convaincre qu’elle méritera le fruit de ses efforts de coupes.

L’idée que je me fais d’une coopérativ­e est celle d’une entreprise qui cherche à remettre. Selon l’ICBA (Internatio­nal Credit Brokers Alliance), les coopérativ­es financière­s ne devraient pas maximiser les profits au détriment du service aux membres.

Pas un service public, Monsieur Cormier ?

Le patron de Desjardins, dans un élan professora­l, se défend bien de ne pas être là pour la société québécoise, mais pour ses membres. Il a la mémoire bien courte. Laissez-moi lui faire un brin d’histoire.

En 2000, le gouverneme­nt du temps a mis en place la « Loi sur le Mouvement Desjardins ». C’était assez public à votre goût, ça ? Pire, c’était une loi d’intérêt privé ! En connaissez-vous beaucoup d’entreprise­s qui ont ce privilège, qui ont leur loi ?

En 2008, le Parti libéral a voté la Loi sur les coopérativ­es de services financiers. Un projet de loi pour protéger Desjardins, écrivait le journalist­e Patrick Bellerose, le 15 juin 2017. Deux ex-membres du gouverneme­nt avaient d’ailleurs tenu à afficher clairement leur désaccord en disant qu’il s’agissait d’une erreur. Le premier était Alain Paquet, professeur en sciences économique­s de l’UQAM et ex-ministre libéral, et le deuxième, Rosaire Bertrand, ex-député et ex-président de la Commission des finances publiques.

Il va sans dire que Desjardins a bénéficié amplement du droit québécois pour parfaire son expansion et son emprise. Monsieur Cormier, Desjardins a un pied dans l’Assemblée nationale depuis longtemps, alors, s’il vous plaît, gardez-nous de votre morale à 5 cents. Martin Malo est porte-parole et président de l’Action Coalition pour notre Caisse Desjardins. Il vient de faire paraître Le Livre Noir des Élites Québécoise­s : 12 stratégies pour contrôler le peuple.

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2 milliards $ d’excédents en 2017, ce n’est pas des pacotilles.

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