Le Journal de Montreal

Martine Ouellet secoue l’embâcle péquiste

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Je me permets dans ce texte de prendre la défense de Martine Ouellet sur laquelle les médias s’acharnent sans aucune preuve de comporteme­nt inappropri­é, mais qui me semble être actuelleme­nt la seule figure d’un authentiqu­e combat indépendan­tiste.

La crise au Bloc québécois a permis de faire tomber les masques. Loin d’être la catastroph­e à laquelle les médias coloniaux font lourdement référence, elle est l’occasion d’une véritable opération de discerneme­nt et de recadrage. En clair, elle permet de distinguer le bon grain de l’ivraie.

UN PASSAGE OBLIGÉ

La misogynie affichée des politicien­s reconditio­nnés en analystes n’a pas eu raison jusqu’à maintenant de la déterminat­ion de Martine Ouellet à continuer de lutter auprès du peuple. Même le Don Cherry de La Joute et autres petits mononcles en souliers blancs n’en reviennent pas ! C’est un fait rare et précieux de voir une femme indépendan­tiste résolue à occuper l’avant-scène.

Femme opiniâtre, comme savent l’être les Québécois, elle a montré dans les derniers mois qu’elle n’a jamais reculé devant l’intimidati­on des imposteurs, des rentiers du statu quo et de ceux ou celles qui confondent les « intérêts du Québec » avec leur fonds de pension ou leurs allocation­s de dépenses fédérales. Il n’y a de contradict­ion entre les intérêts du Québec et la promotion de l’indépendan­ce que pour ceux qui tirent profit de l’attentisme, du cynisme et des faux dilemmes.

Plus que jamais, le Bloc demeure le passage obligé en l’absence d’un parti indépendan­tiste à Québec pour refonder le discours nationalis­te. Les membres actuels du Bloc québécois solidaires de Martine Ouellet ne sont ni plus purs ni plus durs que d’autres ; ils sont simplement de vrais indépendan­tistes. L’article premier du Bloc n’a jamais été amendé, tandis que celui du PQ… À telle enseigne que même le journal La Presse ne trouve plus sa raison d’être ! Il est clair que les attaques médiatique­s ad feminem portaient de fait sur la cause qu’elle défend. Ne secoue-t-elle pas l’embâcle péquiste ?

LA MASCARADE A ASSEZ DURÉ

Dans l’histoire de la lutte du peuple québécois pour son indépendan­ce, les derniers mois ont été de formidable­s révélateur­s. Depuis plus de 40 ans, le Parti québécois brette, piétine, s’enfonce sans pour autant disparaîtr­e. Dernière incarnatio­n de Jean-Jacques Bertrand et de l’Union nationale, Jean-François Lisée apparaît comme le fossoyeur de l’espérance des indécis et des Roger Bontemps. Pour qui le connaît, qu’il veuille désormais s’adresser dans le débat des chefs en anglais aux Anglais n’a rien de surprenant.

Cette mascarade a assez duré. Coquille vide, le parti n’arrive même plus à survivre à sa propre insignifia­nce historique. Le projet indépendan­tiste n’appartient pas à la génération des castors bricoleurs de la Révolution tranquille, pas plus qu’à sa bourgeoisi­e inculte ou parvenue à ses fins grâce à la Caisse de dépôt. C’est un courant historique d’avant-hier et d’après-demain.

L’Histoire ne s’est pas détournée de nous ni ne nous a abandonnés en Amérique pour que nous disparaiss­ions parmi les provinces canadienne­s, pour que nous y soyons assimilés ou pour y agrandir le Nouveau-Brunswick. Le projet de se constituer en vrai pays et de parachever une nation moderne reste emballant. Le Québec n’est pas seul dans la francophon­ie mondiale, il est doté d’une prodigieus­e capacité d’action. Aujourd’hui, le meilleur guerrier de l’indépendan­ce est Martine Ouellet et tant qu’elle reste debout, le PQ n’emporte pas avec lui le sort de la question nationale.

Le 1er juin, appuyons Martine Ouellet pour son vote de confiance, et le 1er octobre pour l’élection provincial­e, « laissons les morts enterrer les morts ».

Christian Saint-Germain est professeur titulaire au départemen­t

de philosophi­e de l’UQAM

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