Le Journal de Montreal

Vivre dans la dignité !

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L’avenir du programme Objectif emploi implanté récemment par le gouverneme­nt du Parti libéral sera-t-il un enjeu majeur de la prochaine élection ? Il est fort à parier que non. Pourtant, il s’agit sûrement d’un enjeu majeur pour plusieurs de nos concitoyen­s. En fait, je dirais même qu’il s’agit d’un enjeu fondamenta­l pour nous tous.

Évidemment, pour les gens dont le seul revenu peut maintenant être amputé de 224 $ par mois sur un chèque de 648 $, c’est un enjeu capital. Comment vivre décemment avec un revenu mensuel de 424 $ ? Est-il besoin de rappeler ici le prix des loyers ou celui de la nourriture ?

Vivre avec 648 $ par mois se résume souvent à la survie. En abaissant ce revenu, certains risquent sûrement d’avoir, pour survivre, à prendre des mesures illégales comme le vol ou avilissant­es comme… vivre dans la rue !

« OUI, MAIS... »

J’entends d’ici les personnes haut placées qui sont à l’origine des récentes modificati­ons de l’aide sociale dire : « Oui, mais… Oui, mais le but est noble. Oui, mais il y a d’autres aspects plus importants que les coupes à souligner à propos de ce programme, comme certaines hausses possibles des prestation­s si la participat­ion se passe bien. »

J’ai enseigné 22 ans au secondaire et je me demande bien si mes « oui, mais » auraient même eu le droit de cité, si j’avais osé affamer ou mettre à la rue l’un ou l’une de mes élèves pour de nobles raisons ? Qu’en pensez-vous ?

Comment peut-on en arriver à légitimer une telle position dans les plus hauts postes du pouvoir ? Et comment, pour les autres partis, ne pas faire de l’abolition de ces mesures punitives extrêmes et indécentes un enjeu majeur, lorsque l’on prétend vouloir représente­r le peuple ? Une grande famille Le peuple, on peut voir cela comme une grande famille. Dans cette optique, une élection, ce serait donc comme choisir les parents du peuple pour quelques années. Que dirait-on d’un parent potentiel qui envisage de placer certains enfants dans une situation de très grande précarité, même s’il a largement les moyens de faire autrement ?

Je crois que tout candidat ou candidate qui ne promet pas d’abolir, dans les 100 premiers jours de son mandat, n’importe quelle coupe que ce soit à la prestation d’aide sociale (déjà largement insuffisan­te !), devrait être vu(e) comme un parent ou un politicien indigne du poste auquel il ou elle aspire. Benoît Guérin est un citoyen indigné. Il habite Montréal.

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Le peuple, on peut voir cela comme une grande famille.

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