Un goût de thé amer pour les actionnaires de David’s Tea
À 87 ans, le fondateur de l’entreprise veut en reprendre le contrôle pour la relancer
Une chicane d’actionnaires comme on en voit rarement met sérieusement en péril le marchand de thé David’s Tea, l’une des marques les plus emblématiques à avoir émergé du Québec ces derniers temps.
Il y a cinq ans, l’entreprise montréalaise était sur un nuage : Oprah Winfrey venait d’encenser son thé Red Velvet sur Twitter. Peu après, l’entreprise faisait une entrée remarquée à la bourse américaine Nasdaq.
Mais depuis des mois, rien ne va plus. À 87 ans, Herschel Segal, cofondateur de David’s Tea, se bat contre trois fonds d’investissement pour reprendre le contrôle du détaillant. Sa firme, Placements Mauvais Jours, possède 46 % des actions de DavidsTea, contre 37 % pour les fonds.
« ALARMÉ ET FRUSTRÉ »
M. Segal accuse le conseil d’administration et la direction de David’s Tea d’avoir raté l’expansion de l’entreprise aux ÉtatsUnis, d’avoir négligé les activités canadiennes et d’avoir réagi trop lentement à la montée du commerce en ligne.
« Je suis alarmé et frustré par la situation, particulièrement quand je vois la détérioration des résultats financiers pendant la dernière année. Il est urgent d’agir pour redresser la barre », a écrit Herschel Segal aux actionnaires de David’s Tea.
Selon lui, les administrateurs actuels cherchent surtout à vendre l’entreprise pour satisfaire les fonds d’investissement, ce qui « distrait » la direction du travail de redressement à réaliser.
M. Segal demande donc aux actionnaires de lui confier la présidence du conseil et d’y élire à ses côtés d’anciens dirigeants de Tim Hortons et de Mountain Equipment Co-op. L’assemblée des actionnaires aura lieu le 14 juin à Montréal.
LE PDG VEUT DE LA STABILITÉ
En entrevue, le PDG, Joel Silver, en poste depuis un an, réfute les allégations de Herschel Segal. Il demande aux actionnaires de lui donner du temps pour mettre en oeuvre son plan de relance.
Ancien président des librairies Indigo, M. Silver a son propre plan : rénover des magasins (certains datent de la fondation de l’entreprise, il y a près de dix ans), intensifier les investissements dans le commerce électronique et signer des ententes de distribution avec des chaînes de supermarchés.