Le Journal de Montreal

La prière des parieurs sportifs exaucée

- Danny Joncas

À la suite d’une décision rendue par la Cour suprême des États-Unis, le Nevada ne sera plus le seul endroit en sol américain où les amateurs de sport américains et les touristes québécois et canadiens pourront légalement parier sur l’issue d’un seul match.

Menée de front par l’État du New Jersey, qui compte son lot de casinos à Atlantic City, cette bataille judiciaire se conclut avec une victoire pour les États, les casinos et les preneurs aux livres, qui pourront empocher davantage de revenus grâce aux paris, et une défaite pour les circuits sportifs comme la LNH, la NFL, la NBA, le baseball majeur et le sport universita­ire américain. Ces derniers souhaitaie­nt que la Loi sur la protection des sports amateurs et profession­nels demeure en vigueur.

Bien que publiqueme­nt les bonzes de ces grandes ligues sportives se disaient contre l’abolition de la loi en question, derrière des portes closes, certains doivent saliver en pensant à l’intérêt additionne­l que cette décision générera pour leur sport. Ce sont surtout les profits qui découleron­t de cet intérêt soudain qui se veulent alléchants pour les ligues et les propriétai­res d’équipes.

La décision d’autoriser les paris sportifs attirera un grand nombre de parieurs qui ne sont pas nécessaire­ment des passionnés de sport, mais qui s’y intéresser­ont dorénavant puisqu’ils ont quelques dollars, ou quelques centaines ou milliers de dollars, dans certains cas, en jeu.

La toute puissante NFL sera la première à avouer que si elle s’est hissée au sommet des ligues sportives nord-américaine­s, c’est en partie grâce aux ligues simulées (fanprennen­t tasy leagues) auxquelles part les amateurs, ce qui constitue en quelque sorte une forme de paris sportifs.

Maintenant qu’il est possible de miser sur l’issue d’un seul match en toute légalité, on risque de retrouver un plus grand nombre de gens rivés devant un téléviseur lors des matchs.

PRÉSERVER L’INTÉGRITÉ DU SPORT

L’argument principal avancé par les ligues afin de s’opposer à l’abolition de la loi était que la possibilit­é de parier sur un seul match pourrait mener à des cas de corruption.

Comme les athlètes touchent aujourd’hui des salaires faramineux, c’est plutôt du côté des arbitres que l’on craint des malversati­ons. Des parieurs et des membres du crime organisé pourraient approcher des arbitres afin qu’ils influencen­t le résultat d’un match en échange d’une somme d’argent.

Un tel scandale avait secoué la NBA il y a une dizaine d’années. Déjà, cette semaine, l’arbitre du baseball majeur Joe West a affirmé que cette décision l’effrayait.

La même crainte est présente du côté du sport universita­ire, extrêmemen­t populaire aux États-Unis. C’est sans compter que les athlètes n’y sont pas rémunérés.

En ayant déjà plein les bras avec le dossier du dopage, comme on a encore pu le voir au cours de la dernière semaine avec les suspension­s imposées aux athlètes vedettes Mark Ingram dans la NFL et Robinson Cano au baseball majeur, les ligues sportives ont-elles réellement besoin de voir la menace d’un scandale lié aux paris sportifs planer au-dessus d’elles ?

Et même si les athlètes gagnent des millions de dollars, qu’est-ce qui empêcherai­t un gardien de but de la LNH ayant parié, via un intermédia­ire, que son équipe gagnerait par moins de deux buts de laisser passer volontaire­ment un sapin dans les dernières secondes d’un match alors que son équipe mène par deux buts ?

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