Le Journal de Montreal

Jouer sans vider son compte en banque

- PIERRE DUROCHER

Aleksandra Wozniak est consciente que les gens peuvent savoir, en consultant le site de la WTA, que son total de gains en bourses en carrière s’élève à deux millions de dollars (2 028 797 $, pour être exact, dont 688 $ cette année).

« C’est vrai que j’ai touché de belles bourses, mais ce que les gens ne doivent pas oublier, c’est que la moitié de cette somme a été retournée en impôts et qu’il faut débourser toutes sortes de frais afin de pouvoir rester sur le circuit profession­nel. J’ai défrayé tous mes déplacemen­ts depuis mon retour au jeu, voyageant seule, sans entraîneur, ce qui n’est pas évident pour l’échauffeme­nt avant les matchs », explique Wozniak.

« De telles dépenses grugent un compte en banque, surtout que les bourses sont peu élevées lors des tournois de l’ITF. Heureuseme­nt que je suis du genre économe. Je n’ai même pas de voiture. Grâce aux bons conseils de mes parents, j’ai pris soin de mettre de l’argent de côté lorsque je vivais mes meilleurs moments sur le circuit de la WTA », ajoute celle qui n’a pas oublié la première collecte de fonds mise sur pied par Yvon Gilbert au début de sa carrière.

« Je ne veux pas me ruiner pour jouer au tennis. C’est pourquoi j’aimerais obtenir l’aide de gens qui souhaitent s’associer à moi. Un jour, ce sera à mon tour de redonner à ce sport que j’aime passionném­ent. »

Wozniak, qui remercie les gens du Tennis 13 à Laval de lui avoir fourni des terrains pour s’entraîner, défendra son titre de championne en juillet au tournoi de Gatineau, où elle pourrait bien retrouver une certaine Eugenie Bouchard !

« Je vais aussi prendre part aux tournois Challenger de Winnipeg et de Granby. Mais pour remonter au classement, je dois être beaucoup plus active que ça », ajoute celle qui a été la première joueuse québécoise à percer le top 50 sur le circuit de la WTA et qui a remporté douze titres sur le circuit de l’ITF, dont deux l’an dernier à Gatineau et à Stillwater.

LA SORTIE D’ABANDA

Dans un autre ordre d’idées, Wozniak comprend la réaction de Françoise Abanda, qui a exprimé cette semaine sa frustratio­n face à une discrimina­tion raciale dont elle se dit victime.

« C’est triste de voir ce que Françoise a dû endurer, surtout à ses débuts. Elle a du mérite d’être passée à travers tout ça. Je comprends très bien ce qu’elle a pu vivre, car de l’intimidati­on et des remarques désobligea­ntes, j’en ai moimême subi et entendu en raison de mes origines [polonaises]. »

« JE NE VEUX PAS ME RUINER POUR JOUER AU TENNIS. C’EST POURQUOI J’AIMERAIS OBTENIR L’AIDE DE GENS QUI SOUHAITENT S’ASSOCIER À MOI. UN JOUR, CE SERA À MON TOUR DE REDONNER À CE SPORT QUE J’AIME PASSIONNÉM­ENT. » – Aleksandra Wozniak

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