Le Journal de Montreal

Le fatalisme des Québécois

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La détériorat­ion de nos institutio­ns s’accentue.

Au fil des ans, la détériorat­ion des institutio­ns québécoise­s, jadis notre fierté, s’accentue inexorable­ment. Aujourd’hui, nous nous découvrons dans une société où règnent la gabegie, l’incompéten­ce, une moralité publique douteuse et des politicien­s dépassés par les événements.

Nous éprouvons tous une impuissanc­e paralysant­e. Que doivent faire les citoyens à part se défouler à travers les réseaux sociaux et les chroniqueu­rs, et s’indigner jusqu’à en être tristes ? D’où la tentation du cynisme de ceux qui proclament que tout est pourri, que les politicien­s sont des irresponsa­bles ou des eunuques (ce qui malgré les apparences n’exclut pas les femmes) ou que tout est égal à tout, ce credo du relativism­e qui exclut de porter des jugements, une hypocrisie officielle, car tout le monde juge tout le monde.

Les hôpitaux sont des gouffres financiers aux structures inventées par des extra-terrestres et gérées par des robots à corps humain. D’ailleurs, ces derniers n’arrivent même pas à trouver les toilettes au CHUM sans consulter leur ordinateur. Lorsque, par hasard, ils découvrent au détour d’un corridor des salles d’urgence, ils se croient à la frontière du Québec, au poste douanier du rang Roxham.

ÉCOLES PERTURBÉES

Les écoles sont des laboratoir­es pour les psychopéda­gogues tant les cas d’enfants perturbés, dysfonctio­nnels, mal élevés et sous-scolarisés sont légion. Mais le ministère et les commission­s scolaires veillent au grain en jouant sur les notes de passage, comme Loto-Québec contrôle les gains des machines à sous des casinos.

Notre supposée société de transparen­ce, un trait de sa qualité démocratiq­ue, l’est si peu que la ministre dépose un projet de loi à minuit moins une seconde jeudi en sachant qu’à cause des élections le projet avortera.

Le fatalisme politique des Québécois francophon­es s’amplifie encore devant les sondages qui annoncent une glaciation progressiv­e du vote des anglophone­s et des allophones d’une part et l’augmentati­on des immigrants, incluant les demandeurs d’asile et les réfugiés d’autre part. Sans les moyens financiers pour intégrer correcteme­nt et dignement ces dizaines de milliers de personnes annuelleme­nt, il ne nous reste plus qu’à nous fermer les yeux et nous boucher les oreilles devant les chantres de la création d’emplois. La Meute et autres échevelés extrémiste­s ont de l’avenir devant eux.

STRUCTURES BUREAUCRAT­IQUES

Que s’est-il donc passé pour qu’une société de huit millions d’habitants se crée des structures bureaucrat­iques de pays infiniment plus peuplés ?

Ceux qui ont affirmé dans le passé que « small is beautiful » se sont complèteme­nt gourés. Au Québec, nous avons imité la France (soixante-deux millions d’habitants) et sa bureaucrat­ie renommée kafkaïenne, mais en pire.

Nos élites sont devenues moralisatr­ices à en pleurer. Nous multiplion­s les commission­s, comités, groupes d’études et polices parallèles (UPAC) pour combattre notre discrimina­tion, notre racisme, notre islamophob­ie, notre homo et transphobi­e, notre sexisme et notre corruption endémique. Cela coûte de l’argent sonnant et pesant, payé à même les taxes des culpabilis­és que nous sommes.

Et nous voilà dans le tourbillon d’une campagne électorale où les promesses de tout genre et autres fourbes cadeaux nous transforme­ront en fatalistes découragés. Vive nous !

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DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

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