Le Journal de Montreal

L’art de se tirer dans le pied

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

On en arrache avec l’octroi de contrats publics dans le domaine du transport !

Après la gaffe de la Caisse de dépôt et placement d’acheter des wagons indiens pour son REM au lieu des wagons de Bombardier fabriqués à La Pocatière, voilà que la Société de transport de Montréal (STM) écarte deux fabricants québécois de systèmes de propulsion pour autobus hybrides au profit de la multinatio­nale britanniqu­e BAE Systems.

Les victimes ? Ce sont les sociétés Effenco et TM4 qui ont été exclues du récent appel d’offres de la STM portant sur l’acquisitio­n de 300 autobus hybrides.

Pourtant, le système mis au point par Effenco propulse à l’heure actuelle 80 camions à ordures d’une compagnie montréalai­se. En outre, l’entreprise a décroché un contrat pour équiper quelque 1100 camions à ordures à New York. Il en sera de même pour un contrat à Paris.

Pour propulser un autobus ou un camion à ordures, Effenco affirme qu’on peut utiliser la même technologi­e hybride. Le contrat de la STM aurait pu représente­r pour Effenco une belle vitrine internatio­nale…

INADMISSIB­LE

L’autre société québécoise que la STM a écartée de son appel d’offres c’est la filiale TM4 d’Hydro-Québec. Le système de propulsion hybride de TM4 est assez bon pour faire rouler des milliers d’autobus en Chine, être accrédité en Europe et bientôt homologué en Amérique du Nord, mais pas assez bon pour avoir le droit de le proposer à la STM dans le cadre de son appel d’offres.

C’est d’autant plus ridicule d’exclure Effenco et TM4 de l’appel d’offres de la STM que le gouverneme­nt du Québec (le bailleur de fonds de la STM) a contribué au financemen­t du développem­ent de leurs systèmes respectifs de propulsion.

À qualité équivalent­e des produits et prix concurrent­iels, il est inadmissib­le que des dirigeants de certaines de nos institutio­ns publiques (Caisse de dépôt, STM, etc.) préfèrent favoriser des sociétés étrangères aux dépens de nos entreprise­s québécoise­s.

Je ne comprends pas l’idée d’utiliser l’argent des contribuab­les québécois pour privilégie­r des emplois à l’étranger, et ce, au détriment de nos travailleu­rs québécois ?

En cette ère où nombre de grands pays (États-Unis, Chine, Japon, France, Russie, etc.) protègent leurs entreprise­s et leur maind’oeuvre avec la mise en place de mesures protection­nistes, il me semble que nos gouverneme­nts, municipali­tés, organismes publics… devraient logiquemen­t privilégie­r le contenu québécois lorsqu’il s’avère disponible et concurrent­iel.

PATRIOTISM­E RAISONNABL­E

Avec l’argent des contribuab­les, il me semble que ce n’est pas du patriotism­e excessif que de demander à nos institutio­ns publiques de tenter de privilégie­r dans la mesure du raisonnabl­e les sociétés concurrent­ielles qui ont pignon sur rue au Québec.

Chose certaine, dans le cadre des contrats octroyés par appels d’offres, les dirigeants des sociétés publiques devraient tenir compte des retombées locales (fiscales et économique­s) que les entreprise­s soumission­naires rapportent.

Octroyer un contrat à une entreprise étrangère qui rapporte zéro retombée locale est économique­ment plus « coûteux » que d’accorder un tel contrat à une société implantée au Québec.

Quand on produit ici et qu’on fait travailler notre monde, on fait tourner notre économie et cela rapporte d’alléchants revenus de taxes et d’impôts à nos gouverneme­nts. Tout en ayant un impact positif sur le marché du travail.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada