Un mariage historique
Ça tombe bien, j’ai un faible pour le prince Harry, l’enfant terrible de la famille royale britannique, et pour la monarchie constitutionnelle parlementaire, l’enfant sage des régimes politiques.
Je le revois à 12 ans suivant à pied le cercueil de Diana avec son frère, son père et son oncle, le comte Spencer. C’était à fendre l’âme. Comment pouvait-on demander à un enfant démoli de faire cela ?
L’an dernier, Harry a confié au monde qu’il a enfoui son malheur pendant 20 ans avant de sombrer dans la dépression. Son frère et sa belle-soeur l’ont convaincu de demander de l’aide, comme dans les familles ordinaires.
Les princes modernes prennent des antidépresseurs et voient des psys.
ENFIN L’AMOUR
Harry a souvent fait la manchette en raison de sa vie de célibataire olé olé, mais à 32 ans, l’homme, transformé par la thérapie, a trouvé l’amour, le vrai. On ne peut se moquer de cela !
Harry Wales, son vrai nom, n’a jamais fait les choses comme les autres membres de sa famille. Il est tombé amoureux d’une actrice américaine divorcée, née d’un père blanc et d’une mère noire. Les dinosaures de la cour croyaient que la reine, sa grand-mère, ne donnerait jamais son accord à une union aussi peu royale.
Erreur, Elizabeth, 92 ans, a écouté son coeur au lieu d’obéir à la tradition. Pour la cérémonie, elle a même prêté à Meghan la tiare Art déco créée pour la reine Mary en 1932 et portée la dernière fois par sa soeur, feu la princesse Margaret, en 1965.
Se joindre à une institution historique a ses avantages.
Harry et Meghan ont uni leurs destinées dans la romantique chapelle SaintGeorges, construite en 1475, lovée au coeur du non moins romantique château médiéval de Windsor, dans le pur esprit du 21e siècle, changeant pour toujours la monarchie britannique. Elle s’est fait brasser les puces. La cérémonie mariait la passion de la culture afro-américaine et la retenue britannique. L’homélie prononcée à la manière des preachers par l’évêque anglican noir Michael Curry était spectaculaire, tout comme la chorale gospel Kingdom Choir et le violoncelliste anglais noir de 19 ans, Sheku Kanneh-Mason.
AU-DELÀ DU GLAMOUR
Oubliez un instant qu’Elizabeth II est la chef de l’État canadien, pour ce que cela change dans notre quotidien. La monarchie constitutionnelle, représentée par la famille royale, est une institution, comme le Parlement ou la Cour suprême. Un outil politique non partisan qui assure aux États stabilité démocratique et continuité historique inégalées.
Loin d’être désuet, des pays parmi les plus avancés au monde – Royaume-Uni, Suède, Norvège, Danemark, Hollande, Belgique, Espagne, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande – conservent ce régime. Il doit y avoir une raison.
Je m’intéresse à ces choses parce que ces gens, leurs traditions et les lieux qu’ils occupent appartiennent à l’Histoire. Les Québécois voient la famille royale britannique par la lorgnette de la Conquête ou des coûts qui y sont associés, alors qu’elle est la mémoire vivante d’un royaume millénaire, mais pas le nôtre, qui s’est toujours adaptée à son époque, même si c’était parfois à reculons.
Longue vie aux mariés !