Le Journal de Montreal

Les Canadiens aiment acheter du neuf

Une majorité croit en l’obsolescen­ce programmée

- ÉTIENNE PARÉ

Les Canadiens renouvelle­nt leurs appareils électroniq­ues et électromén­agers avant même qu’ils ne soient bons pour la poubelle, révèle une étude publiée aujourd’hui.

Puis, lorsque vient le temps de changer leur cellulaire, leur grille-pain ou leur cafetière, les consommate­urs préfèrent encore acheter des articles neufs.

L’Observatoi­re de la consommati­on responsabl­e de l’Université du Québec à Montréal, qui a analysé les achats de 2200 consommate­urs canadiens sur une période de deux ans, a démontré qu’à peine 20 % de leurs emplettes étaient de seconde main.

« Il reste encore du travail à faire pour conscienti­ser les gens. Il y a beaucoup d’articles encore très fonctionne­ls qui dorment quelque part », déplore Annick Girard, chargée de projets chez l’organisme Équiterre, qui a commandé l’étude.

PRISE DE CONSCIENCE

« Les gouverneme­nts et les détaillant­s doivent prendre leur responsabi­lité, mais les citoyens aussi », ajoute Fabien Durif, directeur de l’Observatoi­re.

Selon l’étude, 86 % des consommate­urs croient que les biens qu’ils achètent sont condamnés à briser à une date prédétermi­née de toute façon. Sans nier son existence, M. Durif remarque que « l’obsolescen­ce programmée » a le dos large quand il s’agit de changer ses habitudes d’achat.

« La réalité, c’est qu’il y a une différence de plusieurs années entre la durée de vie d’un objet électrique et son temps d’utilisatio­n », remarque le chercheur.

REVENTE

À l’échelle mondiale, 44,7 millions de tonnes de déchets d’appareils électroniq­ues et électromén­agers ont été produites en 2016. Un chiffre qui devrait bondir de 17 % d’ici 2021, toujours d’après l’étude.

Pour inverser la tendance, Mme Girard prône une valorisati­on de la revente des articles d’occasion, mais surtout de la réparation.

« C’est inacceptab­le qu’aujourd’hui, ce soit moins cher de racheter neuf plutôt que de réparer ce qu’on a déjà. Le marketing des compagnies nous pousse à surconsomm­er. Il va falloir légiférer », dit-elle, en citant en exemple la Suède, qui n’applique plus de taxe sur la réparation d’objets.

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PHOTO FOTOLIA La surproduct­ion d’articles électroniq­ues a des conséquenc­es sur l’environnem­ent, puisqu’ils nécessiten­t des matériaux rares et ne sont pas toujours recyclés.
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ANNICK GIRARD Chargée de projets chez Équiterre

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