Le Journal de Montreal

La fidélité première au Québec

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Philippe Couillard doute de l’attachemen­t profond de François Legault au Canada. Le premier ministre réagissait aux réponses plus ou moins adroites du chef caquiste face aux questions du Journal sur son appartenan­ce au Canada.

Il y avait de quoi se moquer de certaines des formules de François Legault qui tentait de jouer au fédéralist­e de grand cru. Le chef de la CAQ a poussé la note jusqu’à lier sa fierté d’être canadien au « filet social ». Plutôt tiré par les cheveux.

Monsieur Legault, un ancien ministre péquiste, aurait dû se contenter de dire qu’après deux référendum­s et quatre décennies de débats référendai­res, il voulait passer à autre chose. Et qu’en ce sens, il vit bien avec l’idée que le Québec demeurera dans le Canada tout en promettant de mettre tous ses efforts pour que le Québec y progresse.

Cette réponse aurait été plus proche de la vérité, plus crédible. Et en l’exprimant ainsi, la démarche personnell­e de François Legault s’apparente à celle de centaines de milliers de Québécois qui ont cheminé. J’en fais partie.

Ce qu’on demande au premier ministre du Québec, c’est une fidélité première au Québec.

ATTACHEMEN­T AU CANADA

J’ai néanmoins sursauté en remarquant l’angle d’attaque du chef libéral. Selon lui, la faute de Legault consiste à ne pas démontrer « un attachemen­t profond » au Canada. Désolé, mais il ne s’agit réellement pas d’un prérequis pour être premier ministre du Québec. Même pour un premier ministre fédéralist­e. Même pour un chef du Parti libéral.

Ce qui m’importe avant tout, c’est la fidélité première au Québec. Il n’y a pas, pour moi, de façon plus explicite de décrire ce que j’attends d’un premier ministre du Québec. Il doit à tout moment faire preuve d’une loyauté indéfectib­le au peuple du Québec.

Le Québec constitue une minorité linguistiq­ue dont la survie tient du miracle sur le continent. Le Québec se bat depuis des siècles pour que son Assemblée nationale contrôle les pouvoirs essentiels à sa pérennité et à son développem­ent. Je ne veux pas jouer les dramatique­s et crier à la disparitio­n de notre nation. Mais seulement rappeler le devoir sacré de celui qui devient notre premier ministre à tous.

AU PLQ

Cette fidélité première au Québec a été maintes fois exprimée à l’intérieur même du Parti libéral. Jean Lesage a mis le cap sur la notion de « Maîtres chez nous ». Puis le PLQ s’est formelleme­nt dissocié du Parti libéral fédéral au sortir de la Révolution tranquille. Puis, pendant quatre mandats sous Robert Bourassa, les formules pour exprimer sa première loyauté au Québec ont nourri la littératur­e politique.

Par ailleurs, les souveraini­stes doivent être amusés de ces tests futiles de pureté fédéralist­e. Généraleme­nt, c’est leur camp qui attire les moqueries avec des prises de sang pour déterminer qui est indépendan­tiste pur ou pas. Si la pureté doit être mesurée, monsieur Couillard devrait s’inquiéter des dons faits par son président de campagne électorale à Jean-François Lisée.

L’attachemen­t au Canada n’est pas un péché. Mais il n’a rien à voir avec le rôle de premier ministre du Québec.

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