Le Journal de Montreal

La protection des sources journalist­iques, une priorité pour tous

-

Pierre Karl Péladeau Président et chef de la direction Québecor

Cette semaine, les dirigeants de plusieurs médias et organes de presse actifs au Québec ont signé une lettre dans laquelle ils pressaient le gouverneme­nt du Québec d’adopter le projet de loi 187 sur la protection de la confidenti­alité des sources journalist­iques avant la fin de la présente session parlementa­ire. Alors que les médias du Québec sont tous tout autant concernés par ce projet de loi et qu’il est important de marquer notre solidarité face à cet enjeu, il est pour le moins étonnant que les représenta­nts du plus important groupe médiatique au Québec, Québecor, n’aient pas été invités à participer à cette démarche.

Je laisserai aux initiateur­s de ce projet le soin d’expliquer les raisons de cette omission. Je tiens toutefois à assurer nos lecteurs, nos journalist­es, et a fortiori le gouverneme­nt, que notre absence n’est nullement le reflet d’une quelconque divergence d’opinions sur le bien-fondé de ce projet de loi.

Au contraire, lors de la Commission Chamberlan­d, Québecor avait, conjointem­ent avec Le Devoir, explicitem­ent demandé au gouverneme­nt d’adopter des mesures législativ­es afin de mettre en place un réel régime de protection de la confidenti­alité des sources journalist­iques.

Il est en effet important de rappeler que, sans la possibilit­é de protéger adéquateme­nt la confidenti­alité de leurs sources, nos médias ne seraient pas en mesure d’obtenir les informatio­ns nécessaire­s pour lever le voile sur les abus et les malversati­ons que le public est en droit de connaître.

C’est là une exigence fondamenta­le de l’exercice d’une presse libre et du droit du public à l’informatio­n, deux conditions essentiell­es au maintien de notre démocratie.

Alors que les médias sont aux prises à la fois avec des défis financiers et avec des politicien­s qui remettent constammen­t en doute leur crédibilit­é et leur indépendan­ce, nous aurions pensé que la protection des sources journalist­iques aurait été vue comme un enjeu d’une importance suffisante pour justifier la constituti­on d’un front commun à son appui.

Hélas, nous tenant peut-être rigueur pour des propos tenus à leur égard dans un autre contexte, nos concurrent­s ne semblent pas l’avoir vu ainsi. Il est désolant qu’ils n’aient pu élever leur point de vue suffisamme­nt haut pour mettre leurs considérat­ions particuliè­res de côté en défense d’une cause qui devrait nous être tous aussi chère.

Comment, en effet, convaincre le pouvoir législatif de cette importante considérat­ion sociopolit­ique, si un groupe devenu de plus en plus vulnérable décide d’exclure le plus important groupe de médias au Québec ? Ce n’est pas la place pour les stratégies à la Don Quichotte.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada