Le billet gagnant à McPhee
La finale de la Ligue nationale de hockey fait penser à un scénario hollywoodien.
Est-ce vraiment le directeur général des Capitals, Brian McLellan, contre celui des Golden Knights, George McPhee, ou encore George McPhee contre George McPhee ?
Combien de fois a-t-on affirmé, après le congédiement d’un directeur général, qu’il n’aura pas l’occasion de pouvoir célébrer la possibilité d’une belle réussite.
Qu’en bout de ligne, il ne sera pas en poste pour apprécier le fruit d’un travail de plusieurs années. L’impatience d’un propriétaire et des résultats tardant à répondre aux attentes auront contrecarré ses plans.
À cet égard, McPhee est l’exception qui confirme la règle.
À partir de lundi, il sera le grand gagnant de la finale de la coupe Stanley.
Il est l’architecte des deux formations qui s’affronteront.
D’une part, les champions de l’Association de l’Est regroupent plusieurs joueurs ayant été recrutés par McPhee ou encore obtenus par McPhee via le marché des joueurs autonomes ou via le marché des transactions.
Cependant, il y a deux décisions qu’il aura du mal à rayer de son curriculum vitae. L’incapacité d’Alex Ovechkin et des Capitals à franchir le deuxième tour des séries éliminatoires. Également, cette transaction où, dans l’espoir de gonfler davantage son équipe, il échangea un jeune blanc-bec du nom de Filip Forsberg aux Predators de Nashville en retour d’un solide vétéran, Martin Erat, qui fit carrément chou blanc avec sa nouvelle équipe.
Pour le reste, les deux tiers de la formation sont des joueurs embauchés ou encore développés sous le régime de McPhee.
SURPRISE AU NEVADA
De l’autre côté, il y a cette formation de l’expansion qui a fait flèche de tout bois pendant toute la saison, multipliant les exploits, soulevant les passions à Las Vegas, composant avec l’inconnu comme si elle avait elle-même fabriqué l’inconnu.
McPhee a composé avec les règles de l’expansion sans commettre d’erreur de parcours. Au contraire, il a capitalisé sur les bévues de ses homologues pour bâtir une équipe intéressante, monopolisant toute l’attention et surprenant non seulement le monde du hockey, mais le monde du sport professionnel.
Il a été génial à tous les niveaux, comme il l’avait fait auparavant à Washington pendant des années.
Sauf qu’à Vegas, il n’a pas eu à composer avec le passé. Il n’a pas eu à composer avec les imprévus. Tout est beau. Tout est magique. On lui aurait dit, au lendemain de la séance de repêchage d’expansion, qu’il affronterait Ovechkin en juin qu’il aurait sans doute demandé si vous êtes tombé sur la tête.
« Réalisez-vous que nous formons une équipe de l’expansion. Que nos attentes sont très modestes, qu’il nous faudra patienter pendant quelques saisons uniquement pour atteindre les séries éliminatoires. Il faut tout de même être réaliste. »
Et dans le cas d’Ovechkin, il aurait sans doute évité la controverse. Plutôt que d’affirmer que le capitaine de Capitals ne parvient jamais à atteindre la finale de l’Association de l’Est, il aurait possiblement affirmé, « je souhaite la meilleure des chances à Ovi, un joueur pour qui je voue un respect sans borne. »
Après son départ de Washington, McPhee est demeuré quelques saisons sur la touche. On ne savait plus s’il avait toutes les qualités pour poursuivre sa carrière à titre de directeur général. Les insuccès répétés des Capitals avaient laissé des séquelles.
SÉQUELLES
Il est demeuré dans l’entourage de quelques formations, agissant comme recruteur et aussi comme conseiller. Il est un ami personnel de Gary Bettman, ce qui a aidé sa cause quand Bill Foley, propriétaire des Golden Knights, se lança à la recherche d’un homme capable de créer une organisation sur des bases solides. Mission accomplie. Et à Washington, Ted Leonsis, le propriétaire, qui avait accordé un contrat de 13 ans à Ovechkin pendant que son directeur général était à la pêche, a apprécié le boulot effectué par McPhee, mais il se réjouit davantage de la façon dont Brian McLellan dirige les opérations hockey. L’acquisition de T.J. Oshie et de Lars Eller a ajouté de la profondeur à une attaque orientée sur Ovechkin.
McLellan n’a toujours pas accordé de contrat à Barry Trotz pour l’an prochain et il n’avait pas caché, au début des séries éliminatoires, que les Capitals avaient deux ans pour gagner la coupe Stanley.
L’objectif pourrait être atteint d’ici deux semaines.
Il pourra toujours partager le moment avec McPhee si jamais les Capitals l’emportent.