Le Journal de Montreal

Il pensait mourir d’un cancer

L’homme a touché 10 000 $ après avoir reçu un mauvais diagnostic d’une maladie incurable

- CAROLINE LEPAGE

DRUMMONDVI­LLE | Un homme qui a appris par son médecin qu’il avait un cancer incurable des poumons a partagé la tragique nouvelle avec ses proches, refait son testament et se préparait à mourir alors qu’il n’était finalement même pas atteint de la maladie.

L’avocat Jean-Claude Lagacé a consulté le médecin Daniel Viens le 20 décembre 2013 en compagnie de sa femme, la chanteuse Johanne Blouin, et une infirmière de formation Marlène Parent.

Les trois se souviennen­t clairement que le Dr Viens leur a appris que M. Lagacé avait un cancer des poumons.

Le criminalis­te de Drummondvi­lle a reçu cette annonce comme un coup de poing dans le front.

« Est-ce certain ? Est-ce que ça peut être autre chose ? » a questionné Mme Blouin.

Le médecin n’a pas laissé de porte ouverte et il a confirmé qu’il s’agissait bien d’un cancer.

La chanteuse a aussi compris lors de la conversati­on qu’il n’y avait pas de traitement possible.

« Quelle est la suite? » a demandé M. Lagacé, avant de partir.

Le médecin lui a conseillé de ne pas partir pour la Floride, comme prévu. Il a également souhaité bon courage à son patient parce qu’il en aurait besoin.

SOUS LE CHOC

Mme Blouin a dû partir durant le rendez-vous médical pour une rencontre durant laquelle, encore ébranlée, elle n’a pu s’empêcher de dire aux gens que son mari venait de recevoir un diagnostic de cancer.

Sous le choc, M. Lagacé était convaincu qu’il lui restait peu de temps à vivre et s’est préparé à mourir. Il a passé un temps des Fêtes rempli de tristesse.

L’homme de 64 ans a partagé la terrible nouvelle avec sa famille, ses amis et le personnel de son bureau d’avocat.

Il a écourté son voyage en Floride, où il était hanté par l’idée qu’il exécutait peut-être chaque activité pour la dernière fois.

À son retour à Drummondvi­lle, il a repris son travail, mais il a refusé des clients, car il ne savait pas s’il pourrait les suivre pendant toutes les procédures judiciaire­s.

Il a revu ses assurances et refait son testament pour être prêt le moment venu.

DIAGNOSTIC ERRONÉ

Après avoir subi plusieurs tests, M. Lagacé a rencontré le Dr Viens une seconde fois le 21 janvier 2014. Celui-ci l’a informé qu’il souffrait plutôt d’une sarcoïdose, une maladie inflammato­ire pulmonaire bénigne et non d’un cancer.

M. Lagacé était soulagé, mais frustré d’avoir été mal informé et de s’être fait du mauvais sang pendant un mois.

Il a poursuivi aux petites créances le médecin à la suite du diagnostic erroné, qui lui a fait vivre des souffrance­s morales. Même en sachant qu’il n’avait pas le cancer, le Drummondvi­llois a mis du temps à s’en remettre. Il vient d’obtenir gain de cause en cour.

« Le médecin a une obligation d’informer pleinement et correcteme­nt son patient », tranche la juge Sophie Lapierre, qui a condamné le Dr Viens à lui verser 10 000 $.

« LE MÉDECIN A UNE OBLIGATION D’INFORMER PLEINEMENT ET CORRECTEME­NT SON PATIENT » – La juge Sophie Lapierre

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ÉRIC BEAUPRÉ ?? L’avocat Jean-Claude Lagacé a repris le travail et est en pleine forme, quatre ans après qu’un médecin lui eut annoncé sa mort imminente. Plutôt que de souffrir d’un cancer incurable des poumons, il souffrait d’une sarcoïdose.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ÉRIC BEAUPRÉ L’avocat Jean-Claude Lagacé a repris le travail et est en pleine forme, quatre ans après qu’un médecin lui eut annoncé sa mort imminente. Plutôt que de souffrir d’un cancer incurable des poumons, il souffrait d’une sarcoïdose.

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