Le Journal de Montreal

Une seconde chance pour sa fête

Un coureur qui a été victime d’un malaise cardiaque a été réanimé par plusieurs passants

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Un marathonie­n victime d’un malaise cardiaque lors d’un entraîneme­nt sur le mont Royal s’est vu offrir une deuxième vie par trois inconnus qui l’ont réanimé, quelques jours avant son anniversai­re.

« C’est magique. Je n’en reviens pas de la chance que j’ai eue, jubile David Pellerin. Je n’aurais pas pu tomber sur de meilleures personnes. »

Le 10 mai dernier, à l’heure du dîner, l’homme maintenant âgé de 39 ans faisait une course avec un ami, André Laperrière, sur le mont Royal.

« Il a arrêté de parler puis il a mis un genou au sol. Je pensais que c’était une chute de pression », se remémore M. Laperrière qui travaille en recherche pharmacolo­gique à l’Université de Montréal.

Il a rapidement constaté que son partenaire et collègue de travail n’avait plus de pouls et qu’il ne respirait plus. L’homme de 59 ans a rapidement interpellé les passants pour obtenir du secours.

TRAVAIL D’ÉQUIPE

Sonia Semenic, directrice du programme de sciences infirmière­s de l’Université McGill, était juste derrière eux et n’a jamais hésité à amorcer les manoeuvres de réanimatio­n.

En constatant les signes vitaux de son « patient », elle était convaincue qu’il ne survivrait pas.

« Étonnammen­t, c’était la première fois que j’utilisais la RCR [réanimatio­n cardio-respiratoi­re] sur quelqu’un. J’ai été impression­née et surprise de l’efficacité », a-t-elle mentionné au Journal.

Deux autres passants, Carl Duranceau, dont le père est médecin et le frère est paramédica­l, et David Alexandre Galiano, un étudiant en médecine, se sont relayés pour faire le massage cardiaque.

Ils ont également été en mesure de trouver quelqu’un, Éric Martel, qui avait un téléphone sur lui pour contacter les services d’urgence. Cela a permis aux sauveteurs d’entendre les instructio­ns du répartiteu­r du 911.

« On nous a aidés avec la cadence jusqu’à l’arrivée des premiers répondants et du défibrilla­teur. Toutes les conditions étaient réunies pour sauver David », affirme M. Duranceau. C’était la troisième fois qu’il employait les manoeuvres.

DÉFIBRILLA­TEUR

Pompiers et ambulancie­rs ont finalement été en mesure de ramener M. Pellerin à la vie grâce aux décharges électrique­s.

« Le DEA [défibrilla­teur externe automatisé] ne sera d’aucune utilité si les gens restent les bras croisés pendant cinq ou six minutes. Cela fait partie de la chaîne de survie. Le premier maillon, c’est l’interventi­on des citoyens qui voient l’événement se produire », rappelle Sylvie Santerre, de la Croix-Rouge, qui offre des cours de réanimatio­n.

C’est grâce à cette collaborat­ion de purs inconnus que huit jours plus tard, David Pellerin était sur la table d’opération le jour de sa fête pour recevoir un défibrilla­teur sous-cutané qui préviendra d’autres épisodes d’arythmie.

« C’est un cadeau d’anniversai­re étrange et beau à la fois. C’est une seconde chance », mentionne-t-il, reconnaiss­ant, d’autant qu’il ne gardera aucune séquelle.

Trois semaines avant l’incident, il avait couru son cinquième marathon à Boston et n’avait connu aucun signe de faiblesse.

« Ça me bouleverse encore. Je courais pour prévenir ce genre de situation, explique-t-il. J’espère être en mesure d’en faire d’autres malgré tout. »

NE JAMAIS ABANDONNER

L’interventi­on des bons samaritain­s aura duré au plus une quinzaine de minutes, mais ils s’entendent tous maintenant sur l’importance de garder à jour leurs connaissan­ces en réanimatio­n cardio-respiratoi­re.

« La leçon pour moi est de ne jamais abandonner les manoeuvres. Ça sauve des vies », soutient Mme Semenic.

D’ailleurs, lors d’une fête prévue aujourd’hui, la conjointe de M. Pellerin offrira aux convives un cours de RCR.

« JE N’EN REVIENS PAS DE LA CHANCE QUE J’AI EUE. JE N’AURAIS PAS PU TOMBER SUR DE MEILLEURES PERSONNES » – David Pellerin

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Depuis son lit d’hôpital, David Pellerin a fait parvenir un mot de remercieme­nt à ses bienfaiteu­rs (en mortaise) qui l’ont réanimé, André Laperrière, Sonia Semenic, Carl Duranceau et David Alexandre Galiano.
PHOTOS COURTOISIE Depuis son lit d’hôpital, David Pellerin a fait parvenir un mot de remercieme­nt à ses bienfaiteu­rs (en mortaise) qui l’ont réanimé, André Laperrière, Sonia Semenic, Carl Duranceau et David Alexandre Galiano.

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