Le Journal de Montreal

Elle est frustrée de ne pas pouvoir prendre le train Il n’y a pas de rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite

- CARL VAILLANCOU­RT

Une femme atteinte d’une maladie osseuse qui l’oblige à rester dans son fauteuil roulant déplore le manque d’accessibil­ité du transport en commun, elle qui voudrait l’utiliser régulièrem­ent.

Jani Barré, une résidente de Saint-Hyacinthe en Montérégie, a pris le train de banlieue pour la première fois il y a environ deux mois à Mont-SaintHilai­re afin d’aller visiter sa nouvelle amoureuse à Saint-Jérôme, dans les Laurentide­s.

La femme âgée de 38 ans s’est toutefois aperçue qu’il lui était impossible de monter à bord du train, faute de rampe d’accès.

Un autre usager l’a aidée à grimper son fauteuil. Mme Barré peut se tenir debout pendant une courte période de temps en raison de son ostéogenès­e imparfaite, une maladie qui rend les os très fragiles.

« J’étais fâchée. On isole les handicapés de notre société. C’est un frein à notre insertion sociale. On nous donne des espaces dans le train, mais aucun moyen pour embarquer. C’est ridicule », a-t-elle dit.

PAS UNE PRIORITÉ

Le Réseau de transport métropolit­ain (RTM) a répondu en avril dernier par courriel à la plainte formulée par Mme Barré.

« Le RTM évalue présenteme­nt des possibilit­és concrètes qui pourraient se réaliser dans les prochaines années, mais nous ne pouvons pas confirmer une date de réalisatio­n », peut-on lire.

Une conseillèr­e aux relations médias du RTM a indiqué que l’un des problèmes réside dans la réglementa­tion stricte des infrastruc­tures ferroviair­es qui ne sont pas la propriété du RTM.

« Ceux-ci [les propriétai­res] exigent de respecter un gabarit ferroviair­e, une zone de dégagement, défini par ces deux propriétai­res, qui est située de part et d’autre de la voie, qui englobe une partie du quai de la gare. Aucune structure ne peut se situer dans cette zone afin de permettre au CN et au CP, de faire circuler des trains de marchandis­es surdimensi­onnés sur leurs voies », a expliqué Élaine Arsenault.

ACTION COLLECTIVE

En mai dernier, la Cour supérieure du Québec a accueilli favorablem­ent une action collective pour toutes les personnes handicapée­s qui ont été frustrées de leur droit de pouvoir prendre le transport en commun. Une situation qui contrevien­t à la Charte des droits et libertés, selon l’un des trois avocats responsabl­es du dossier, Alain Arsenault.

« La Charte existe depuis 40 ans. La plupart des infrastruc­tures de train de banlieue ont été créées après. On ne respecte pas le droit de ces individus à l’accessibil­ité au service public. C’est discrimina­toire », a fait valoir celui qui estime le nombre de plaignants potentiels au Québec à 20 000.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CARL VAILLANCOU­RT Jani Barré doit demander à des usagers de l’aider à grimper à bord du train en direction de Saint-Jérôme en l’absence de rampe d’accès.

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