La mère d’un criminel tué ne recevra rien
Elle voulait être dédommagée en tant que victime
La mère d’un membre de gang de rue assassiné de huit balles en pleine rue n’obtiendra pas un sou d’indemnisation de victime puisque son fils a lui-même choisi une vie de criminel.
« [La victime] a accepté les risques liés à ses activités criminelles […]; dans ce contexte de criminalité, la survenance de l’acte criminel devenait probable et prévisible », a tranché le Tribunal administratif du Québec [TAQ] dans une décision rendue la semaine passée.
Tilus Saintilus, 20 ans, avait été tué le soir du 26 février 2015 dans le quartier Saint-Michel, un mois et demi après être sorti de prison où il avait participé à une bataille entre membres de gangs rivaux.
« À sa sortie [de prison], il s’est rasé les cheveux comme s’il ne voulait pas se faire reconnaître, peut-on lire dans la décision. Il avait peur. »
GANG DE RUE
Selon les autorités, Saintilus faisait partie du gang du Plan Robert d’allégeance « bleue ». Lors des audiences, un enquêteur a expliqué que la victime avait déjà été la cible d’une tentative de meurtre, tandis que le véhicule de sa conjointe a été incendié en 2012.
Mais le défunt n’était pas un enfant de choeur. Non seulement il attendait un procès pour fraude et agression armée, mais il était soupçonné d’avoir déjà participé à une fusillade opposant deux groupes rivaux.
« En 2012, la victime aurait été impliquée dans plusieurs événements, dont celui où elle a reçu une balle au bas du dos alors qu’elle était passagère d’un véhicule, dans le contexte d’une rivalité entre gangs », indique la décision du TAQ.
RIVALITÉ
Aux yeux de la police, Saintilus a été tué par vengeance, dans un contexte de rivalité entre membres de gang. Mais la mère du défunt n’y croit pas.
« Elle dira [lors de l’audience au TAQ] que son fils a pu commettre des erreurs dans le passé comme n’importe quel autre jeune, sauf qu’il ne faisait pas partie d’un milieu criminalisé, elle ne l’aurait pas toléré », indiquent les commissaires dans leur décision.
Elle réclamait donc une indemnisation en tant que mère d’une victime d’acte criminel, ainsi qu’une prestation d’au plus 5000 $ pour couvrir les frais funéraires.
Sauf que la loi précise qu’une victime ne peut pas être indemnisée si elle a « par sa faute lourde, contribué à ses blessures ou à sa mort », rappelle le TAQ. Et cet article s’appliquait parfaitement à Saintilus qui a adopté « un mode de vie à haut risque ».
« En toute probabilité, il a été la cible directe d’un meurtre parce qu’il appartenait à un milieu criminalisé », concluent les commissaires en rejetant la demande de la femme.