Être membre et/ou client ?
Voilà deux questions bien réelles et différentes qui ne se règlent pas d’un simple coup de cuillère à pot présidentielle.
La semaine dernière, devant la commission parlementaire de l’Assemblée nationale portant sur la problématique de l’occupation du territoire, la question du maintien des guichets automatiques de Desjardins, partout au Québec, a nourri tous les argumentaires. Est-ce rentable ou non ? Et pour qui ?
RECHERCHE DE RENTABILITÉ
L’actuel président du Mouvement Desjardins a témoigné avec moult chiffres et détails. Guy Cormier a fait la démonstration de sa très bonne gestion au chapitre des services offerts aux 2,5 millions de « clients ». Bien que monsieur Cormier ait ajouté « qu’on est là pour nos membres, on n’est pas là pour les citoyens… c’est nos membres qu’on dessert… », toute sa démonstration tournait autour de sa recherche de rentabilité en satisfaisant d’abord les « clients » de Desjardins. Après tout, la rentabilité financière du Mouvement est sa principale responsabilité.
De là à chercher et trouver des solutions pour ses 4,5 millions de « membres », c’est, comme il l’a dit à plusieurs reprises, « l’un des plus grands défis » de l’institution. Qui alors fait valoir les intérêts des « membres » auprès de la direction exécutive de cette coopérative ?
SÉPARATION DES POUVOIRS
Le Mouvement Desjardins est l’une des plus grosses coopératives au monde, la plus importante institution financière du Québec, mais la seule à ne pas suivre la première grande règle de gouvernance d’une entreprise de cette taille : la séparation des pouvoirs. Il devient urgent d’avoir à la tête de Desjardins une présidence du conseil d’administration redevable à ses « membres » et une présidence exécutive qui gère les « clients ». Pour l’instant, chez Desjardins, une seule et même personne occupe les deux fonctions, en l’occurrence, monsieur Cormier. C’est beaucoup lui demander.
La séparation des rôles et responsabilités aurait le mérite de permettre à chacun de se focaliser sur les valeurs et besoins respectifs des « membres » et des « clients ». Le dossier des guichets automatiques ou de l’occupation du territoire démontre qu’il peut y avoir deux visions différentes du rôle de Desjardins.
Lors de la campagne présidentielle de 2016, qui porta monsieur Cormier à la tête de Desjardins, j’avais justement proposé cette division des mandats et responsabilités. Je me permets de le suggérer à nouveau. Cela devrait être réalisé sans même attendre le renouvellement du mandat de monsieur Cormier en 2020.