Le Journal de Montreal

Rétablisso­ns les faits

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Bien des choses ont été écrites sur le prix de l’électricit­é provenant de filières d’énergie renouvelab­le achetée par Hydro-Québec. Nous sommes d’avis qu’il est important de recadrer la discussion.

Afin de répondre au déficit attendu d’électricit­é au tournant des années 2000, le Québec a fait le choix du mécanisme d’appel d’offres pour avoir les prix les plus compétitif­s, en contrepart­ie de contrats d’une durée de 20 ans. Le mécanisme a fonctionné de l’avis même des experts internatio­naux retenus par la Régie de l’énergie afin de s’assurer de la compétitiv­ité des prix obtenus par Hydro-Québec.

LA BAISSE DES PRIX DANS LE SECTEUR ÉOLIEN

À titre de comparatif, ailleurs au Canada, plusieurs contrats ont été signés entre 2009 et 2011 pour de l’énergie éolienne à des prix de 13,5 ¢/kWh pour des durées similaires, c’est près de 5 ¢/kWh plus cher qu’ici. Le Québec est donc loin d’être l’endroit avec l’électricit­é achetée au prix le plus élevé en Amérique du Nord.

Au cours de la dernière année, il s’est installé près de 1 MW éolien toutes les 10 minutes de par le monde. Sa popularité vient du fait qu’il s’agit d’une technologi­e qui a démontré sa fiabilité, sa capacité à lutter contre les GES et ses baisses constantes de prix. Les éoliennes, tout comme les ordinateur­s ou les téléviseur­s à écran plat, voient leur prix baisser d’année en année à la suite d’innovation­s technologi­ques et d’économies d’échelle. Il est donc tout à fait normal que les modèles achetés il y a 10 ans soient plus chers que les modèles semblables sur le marché aujourd’hui.

LA BIOMASSE : UTILE POUR LA POINTE

Quant à la biomasse, il nous apparaît injuste de se limiter à comparer le prix d’achat à un prix de vente. Selon cette logique de ne tenir compte que des coûts sans mettre en balance les revenus et l’activité économique, le Québec ne pourrait se doter d’aucune nouvelle capacité de production, quelle que soit sa nature. De plus, cette filière permet de répondre à une partie de la demande de pointe et remplace de l’électricit­é achetée chez nos voisins ; électricit­é produite avec des combustibl­es fossiles et généraleme­nt très chère.

PROBLÈME OU SOLUTION ?

Concernant les surplus d’électricit­é, le problème n’est pas tant de les avoir, mais plutôt de ne pas pleinement les utiliser pour la transition économique et énergétiqu­e que nous devons faire. Plus nous aurons d’électricit­é, plus nous pourrons remplacer le pétrole qui plombe notre économie et notre environnem­ent.

Le réchauffem­ent climatique est un enjeu majeur qui nous coûtera annuelleme­nt des milliards de dollars si nous n’agissons pas plus rapidement. Voilà le véritable enjeu auquel le Québec est confronté. L’éolien, la biomasse et les autres formes d’énergie renouvelab­le sont loin d’être un problème. Au contraire, elles font partie de la solution.

Jean-François Samray est président-directeur général de l’Associatio­n québécoise de la production d’énergie renouvelab­le Frédéric Côté est directeur

général de Nergica

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PHOTO D’ARCHIVES Parc d’éoliennes de Murdochvil­le. Le Québec est loin d’être l’endroit avec l’électricit­é achetée au prix le plus élevé en Amérique du Nord.

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