Le Journal de Montreal

Le choc financier après une maladie profession­nelle

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Mariés depuis 38 ans, Jacques et Suzanne avaient tout pour être heureux. Parents d’une fille et grands-parents de deux petits-enfants, leurs emplois respectifs leur rapportaie­nt des revenus suffisants pour vivre confortabl­ement. Mais en 1998, tout a basculé…

À l’âge de 50 ans, Jacques est tombé malade et a dû cesser de travailler. Souffrant d’une grave maladie profession­nelle et mis en invalidité, il a toutefois dû se battre devant les tribunaux pendant des années pour faire reconnaîtr­e celle-ci, afin qu’il puisse toucher les prestation­s de la CNESST. Mais les honoraires des médecins experts et des avocats, conjugués à la forte baisse de revenus, ont plongé le couple dans la tourmente financière.

CALVAIRE FINANCIER

Jacques a finalement réussi à obtenir et à percevoir des prestation­s d’invalidité jusqu’à l’âge de 68 ans. De son côté, sa femme a continué à travailler jusqu’en 2015. Aujourd’hui, le couple ne touche plus que des revenus de pension de retraite, qui s’élèvent à 3114 $ par mois.

Malheureus­ement, leurs déboires des dernières années les ont placés dans une position intenable. « Pour compenser le manque de revenus et payer les honoraires des avocats et des experts, ils ont dû utiliser leurs marges et leurs cartes de crédit », explique Nancy Beaumier, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

Au bout du compte, Jacques et Suzanne se sont retrouvés avec une dette de 61 000 $ portant intérêt (de 10 à 24 %) et générant des paiements mensuels minimums de 1800 $. Pris à la gorge par cette dette dépassant largement leurs capacités, le couple ne voyait pas le bout de son calvaire financier.

UNE PROPOSITIO­N, PLUTÔT QUE LA FAILLITE

Devant le désarroi de ses parents, leur fille a décidé de prendre la situation en main et les a accompagné­s pour rencontrer la syndique Nancy Beaumier en janvier dernier. « Ils ne parvenaien­t pas à payer leur épicerie et les comptes courants. Plus de la moitié de leurs revenus disparaiss­ait dans le remboursem­ent d’une dette dont il aurait fallu 33 ans pour venir à bout, et ce en ne versant que le minimum chaque mois », explique Nancy Beaumier.

Le couple ne voulait pas faire faillite, et ce, d’autant qu’ils auraient pu perdre un chalet que Suzanne avait reçu en héritage et qui comptait beaucoup à leurs yeux. La syndique a donc déposé une propositio­n de consommate­ur qui a été acceptée par les créanciers. En vertu de cette entente, Jacques et Suzanne devront verser la somme de 800 $ pendant 60 mois, soit un total de 48 000 $.

Avec l’aide de leur fille, ils ont aussi établi un budget dont ils font un suivi serré, et parviennen­t à s’en sortir même sans avoir accès à du crédit. Résultat, en quelques mois à peine, ils ont retrouvé de saines habitudes financière­s et ont même réussi à mettre un peu d’argent de côté pour voir aux imprévus.

Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

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