Le Journal de Montreal

Maintenant, c’est elle le patron

Après 25 ans de carrière, elle acquiert une entreprise de mode et en dirige la destinée

- SYLVIE LEMIEUX Vous avez vécu la même expérience ? Écrivez-nous : pmeinc@quebecorme­dia.com

Manon Piché a occupé des postes de haute direction dans de grandes entreprise­s. Après une carrière de 25 ans, la spécialist­e en marketing aurait pu vouloir ralentir le rythme. Mais elle avait un désir profond d’avoir son entreprise. À l’aube de la cinquantai­ne, il était temps pour elle de le réaliser.

En 2012, elle s’est lancée en affaires en faisant l’acquisitio­n d’une entreprise, le Groupe Éric Alexandre, qui fait la conception et la confection de vêtements pour femmes. « J’ai toujours su que j’aurais mon entreprise un jour », raconte-t-elle.

Même comme gestionnai­re, son côté entreprene­ure n’était jamais très loin. « J’exerçais mon rôle de façon passionnée comme si l’entreprise était à moi. »

Elle avait envie d’entreprend­re, mais pas de partir à zéro. En 2009, alors qu’elle occupe le poste de vice-présidente marketing et développem­ent des affaires, chez Orléans Express, elle commence à faire des démarches pour acquérir une entreprise.

« Le timing était bon. Mes deux fils, rendus à l’adolescenc­e, exigeaient moins de ma présence. De plus, on était au début de la vague de transfert d’entreprise. De nombreux dirigeants cherchaien­t à vendre faute de relève. »

TROUVER LA BONNE ENTREPRISE

Sa recherche s’est étalée sur trois ans. Il lui a d’abord fallu déterminer dans quel domaine elle voulait se lancer. Elle a exploré trois ou quatre secteurs d’activités avant d’identifier sa cible : l’industrie de la mode.

Concilier le travail et la recherche d’une entreprise à acheter s’est révélé ardu. En 2011, elle décide de quitter son emploi et devient consultant­e. Elle a ainsi les coudées franches pour concrétise­r son projet.

Un jour, une connaissan­ce la met en contact avec le propriétai­re du Groupe Éric Alexandre qui songe à vendre par manque de relève à l’interne. Commence alors le processus de vérificati­on diligente et un jeu de négociatio­n avant d’arriver à une entente. Une étape marquée de hauts et de bas où les émotions peuvent vite prendre le dessus.

« C’est important d’être bien entouré », conseille Manon Piché qui a recruté une équipe d’experts en acquisitio­n d’entreprise pour l’aider à traiter des aspects légaux et financiers.

La recherche de financemen­t n’a pas été de tout repos. Malgré une bonne mise de fonds constituée de son apport personnel et de l’aide de la famille, elle a dû cogner à plusieurs portes avant de trouver un prêteur lui offrant les conditions qui lui convenaien­t.

NOUVELLE IMPULSION

Mme Piché n’oubliera jamais sa première journée au Groupe Éric Alexandre. Elle n’en était pas à sa première entrée en poste, mais celle-ci ne ressemblai­t en rien aux autres. Maintenant, c’était elle le patron !

Au départ, il lui importait de rassurer la dizaine d’employés sur la suite des choses.

« Je leur ai dit que les affaires devaient continuer comme avant. J’ai commencé à m’intégrer aux équipes et aux différents projets pour mieux comprendre les façons de faire et la philosophi­e de l’entreprise. »

Elle a depuis imprimé sa marque et transformé la PME. Les deux collection­s annuelles, dessinées par les designers à l’interne, ont été recentrées sur les vêtements en tricot s’adressant aux femmes de 40 ans et plus à la recherche de tenues confortabl­es et décontract­ées.

Tout en maintenant la distributi­on dans son réseau de détaillant­s indépendan­ts à travers le Canada, Manon Piché a pris un virage audacieux, soit l’ouverture de boutiques Éric Alexandre.

« Les bénéfices sont grands. On augmente ainsi la visibilité de notre marque et on a une meilleure connaissan­ce de notre clientèle. De plus, on ne signe pas de bail à long terme. Si une boutique ne performe pas, on se retire. On tient à rester agile. »

À la tête de son entreprise depuis bientôt six ans, Manon Piché savoure sa nouvelle vie malgré les moments de stress et d’incertitud­e.

« J’exerce davantage ma créativité et je me sens encore plus vivante. Cela me force à sortir de ma zone de confort et à me dépasser. Après tout, dans la vie, on est là pour explorer et faire des choses qui nous emmènent ailleurs. »

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Manon Piché devant la boutique Éric Alexandre du Quartier DIX30. L’entreprise tient deux autres boutiques situées au Centre commercial Fairview et au Mail Champlain, dans la région de Montréal.
PHOTO COURTOISIE Manon Piché devant la boutique Éric Alexandre du Quartier DIX30. L’entreprise tient deux autres boutiques situées au Centre commercial Fairview et au Mail Champlain, dans la région de Montréal.

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