Maintenant, c’est elle le patron
Après 25 ans de carrière, elle acquiert une entreprise de mode et en dirige la destinée
Manon Piché a occupé des postes de haute direction dans de grandes entreprises. Après une carrière de 25 ans, la spécialiste en marketing aurait pu vouloir ralentir le rythme. Mais elle avait un désir profond d’avoir son entreprise. À l’aube de la cinquantaine, il était temps pour elle de le réaliser.
En 2012, elle s’est lancée en affaires en faisant l’acquisition d’une entreprise, le Groupe Éric Alexandre, qui fait la conception et la confection de vêtements pour femmes. « J’ai toujours su que j’aurais mon entreprise un jour », raconte-t-elle.
Même comme gestionnaire, son côté entrepreneure n’était jamais très loin. « J’exerçais mon rôle de façon passionnée comme si l’entreprise était à moi. »
Elle avait envie d’entreprendre, mais pas de partir à zéro. En 2009, alors qu’elle occupe le poste de vice-présidente marketing et développement des affaires, chez Orléans Express, elle commence à faire des démarches pour acquérir une entreprise.
« Le timing était bon. Mes deux fils, rendus à l’adolescence, exigeaient moins de ma présence. De plus, on était au début de la vague de transfert d’entreprise. De nombreux dirigeants cherchaient à vendre faute de relève. »
TROUVER LA BONNE ENTREPRISE
Sa recherche s’est étalée sur trois ans. Il lui a d’abord fallu déterminer dans quel domaine elle voulait se lancer. Elle a exploré trois ou quatre secteurs d’activités avant d’identifier sa cible : l’industrie de la mode.
Concilier le travail et la recherche d’une entreprise à acheter s’est révélé ardu. En 2011, elle décide de quitter son emploi et devient consultante. Elle a ainsi les coudées franches pour concrétiser son projet.
Un jour, une connaissance la met en contact avec le propriétaire du Groupe Éric Alexandre qui songe à vendre par manque de relève à l’interne. Commence alors le processus de vérification diligente et un jeu de négociation avant d’arriver à une entente. Une étape marquée de hauts et de bas où les émotions peuvent vite prendre le dessus.
« C’est important d’être bien entouré », conseille Manon Piché qui a recruté une équipe d’experts en acquisition d’entreprise pour l’aider à traiter des aspects légaux et financiers.
La recherche de financement n’a pas été de tout repos. Malgré une bonne mise de fonds constituée de son apport personnel et de l’aide de la famille, elle a dû cogner à plusieurs portes avant de trouver un prêteur lui offrant les conditions qui lui convenaient.
NOUVELLE IMPULSION
Mme Piché n’oubliera jamais sa première journée au Groupe Éric Alexandre. Elle n’en était pas à sa première entrée en poste, mais celle-ci ne ressemblait en rien aux autres. Maintenant, c’était elle le patron !
Au départ, il lui importait de rassurer la dizaine d’employés sur la suite des choses.
« Je leur ai dit que les affaires devaient continuer comme avant. J’ai commencé à m’intégrer aux équipes et aux différents projets pour mieux comprendre les façons de faire et la philosophie de l’entreprise. »
Elle a depuis imprimé sa marque et transformé la PME. Les deux collections annuelles, dessinées par les designers à l’interne, ont été recentrées sur les vêtements en tricot s’adressant aux femmes de 40 ans et plus à la recherche de tenues confortables et décontractées.
Tout en maintenant la distribution dans son réseau de détaillants indépendants à travers le Canada, Manon Piché a pris un virage audacieux, soit l’ouverture de boutiques Éric Alexandre.
« Les bénéfices sont grands. On augmente ainsi la visibilité de notre marque et on a une meilleure connaissance de notre clientèle. De plus, on ne signe pas de bail à long terme. Si une boutique ne performe pas, on se retire. On tient à rester agile. »
À la tête de son entreprise depuis bientôt six ans, Manon Piché savoure sa nouvelle vie malgré les moments de stress et d’incertitude.
« J’exerce davantage ma créativité et je me sens encore plus vivante. Cela me force à sortir de ma zone de confort et à me dépasser. Après tout, dans la vie, on est là pour explorer et faire des choses qui nous emmènent ailleurs. »