Le Journal de Montreal

Denis la menace

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« JE PEUX FAIRE DES DOMMAGES SUR TERRE BATTUE. »

PARIS | À pareille date l’an dernier, Denis Shapovalov était un joueur méconnu sur le circuit de l’ATP. Il participai­t surtout à des tournois Challenger, lui qui était classé au 195e rang mondial.

Shapovalov avait tout de même eu l’occasion, en raison de certains succès obtenus sur le gazon anglais, de prendre part à un match dans le tableau principal du prestigieu­x tournoi de Wimbledon, une rencontre disputée devant une assistance modeste sur le court numéro 7. Shapovalov l’a perdue en quatre manches face au Polonais Jerzy Janowicz.

La situation a considérab­lement changé au cours des 12 derniers mois. L’Ontarien de 19 ans à la tignasse blonde fait partie des vedettes montantes sur le circuit. Il est un membre de la prochaine génération de stars du tennis, que l’ATP affuble du surnom « Next Gen », et il occupe aujourd’hui le 26e rang au classement mondial.

À notre arrivée hier sur le site de Roland-Garros, qui est en pleine mutation avec la constructi­on d’un nouveau stade, Rafael Nadal répondait calmement aux questions des journalist­es en ce qui concerne ses chances de triompher à Paris pour la 11e fois, ce qui constituer­ait un record.

Le roi de la terre battue venait de livrer ses commentair­es dans la salle d’entrevue principale lorsque Shapovalov a pris place dans une salle attenante.

Les journalist­es internatio­naux, dont les Britanniqu­es, s’intéressen­t de plus en plus au cas du jeune homme. Ils constatent que les succès de Shapovalov, c’est du solide.

« Shapo » est un joueur spectacula­ire, atypique, qui exerce assurément un magnétisme auprès du public.

UN JOUEUR À ÉVITER

Les joueurs craignent Shapovalov, devenu une sorte de « Denis la menace ». Un jeune joueur talentueux, fougueux et dangereux, que tout grand nom doit maintenant prendre au sérieux.

Que nous réserve Shapovalov à sa première participat­ion dans le tableau principal à Roland-Garros ? Il ne faudrait pas se surprendre de le retrouver en huitième de finale contre Nadal.

« Je refuse de penser aussi loin, a-t-il prévenu. Je dois commencer par battre le coriace John Millman [58e joueur mondial], au premier tour [demain]. »

« J’aborde ce tournoi majeur en me disant que je n’ai rien à perdre. J’ai déjà fait mieux que prévu cette saison sur terre battue, qui est la surface de jeu que j’aime le moins. Chaque victoire représente donc une sorte de boni à mes yeux. »

FORTE DOSE DE CONFIANCE

La saison sur l’ocre a mal débuté pour Shapovalov. Il a été éliminé dès ses premiers matchs à Monte-Carlo et à Budapest.

« Je ne me suis jamais découragé, a-til expliqué. Je me suis plutôt retroussé les manches, j’ai corrigé certaines choses dans mon jeu et dans mon approche en compagnie de mon entraîneur Martin Laurendeau, et tout a débloqué au tournoi de Madrid lorsque j’ai atteint les demi-finales. »

« Ça s’est poursuivi avec deux victoires à Rome avant que j’encaisse la défaite face à Nadal. J’arrive à Paris avec une forte dose de confiance. Je sais que je peux maintenant faire des dommages dans les tournois sur terre battue. J’ai appris à mieux utiliser mon service », a analysé le gaucher.

SURPRIS PAR SES SUCCÈS

Shapovalov raconte tout ça sans la moindre trace d’arrogance dans sa voix.

« Bien sûr que je suis surpris des résultats obtenus depuis un an, a-t-il confié. Chaque semaine, je vis quelque chose de nouveau. J’ai été éliminé dès le premier tour des qualificat­ions l’an dernier à Roland-Garros et voilà que je me retrouve parmi les têtes de série [24e] cette année à Paris. J’avoue être sous le choc, même si je me sens de plus en plus à ma place en compagnie de ces joueurs de grand talent. »

Shapovalov, qui a célébré son 19e anniversai­re le 15 avril, a conquis le public montréalai­s l’an dernier au tournoi de la Coupe Rogers en remportant son duel face à Nadal.

En août prochain, on peut parier qu’il aura le public de Toronto à ses pieds.

« J’ai encore bien des choses à améliorer, a-t-il raconté. Je suis toujours un joueur qu’on qualifie d’erratique. Mon objectif est de percer le top 25 et j’en suis tout près. Mon but ultime cette saison serait de parvenir à remporter un tournoi de l’ATP. »

Shapovalov ne s’enfle pas la tête avec ses succès.

« Vous savez, je n’ai pas grandi au sein d’une famille riche. Ma mère a dû faire beaucoup de sacrifices en déménagean­t de la Russie vers Israël afin de poursuivre sa carrière comme joueuse de tennis et il est facile pour moi de rester humble. »

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PHOTO AFP Denis Shapovalov se sent à sa place avec l’élite mondiale.
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PIERRE DUROCHER

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