LES COUPS DE COEUR D’ELSA LAFON
En tant que directrice éditoriale des marchés francophones de Michel Lafon, Elsa Lafon est proche des auteurs d’ici et d’ailleurs. Petit entretien pour en apprendre plus.
QUELS SONT LES PROCHAINS TITRES À SURVEILLER?
Ce printemps, je suggère fortement le nouveau polar de Robert Dugoni, Son
dernier souffle. Il avait eu un succès fou, en 2017, avec Le dernier repos de Sarah. En format poche, je conseille aussi Dismoi que tu m’aimes, de la populaire Joy Fielding. Les lecteurs québécois raffolent de ce type de suspense psychologique! Du côté des romans sentimentaux, on surveille Un coeur à l’abri, de l’Américaine Nora Roberts.
Chez les auteurs québécois, Papautisme : Autisme, quand un père s’en
mêle, de Patrice Saucier, est vraiment à découvrir. C’est le témoignage d’un homme, père d’un enfant autiste, à travers leur quotidien rempli de défis.
En non-fiction, un titre me vient en tête : La thérapie de la valise, de Marta Perego. Dans la même veine que les essais de Marie Kondo, cet ouvrage raconte comment votre valise vous révèle avec une approche intéressante. Il y a ceux qui préparent leur bagage un mois à l’avance, ceux qui le font plutôt au dernier moment, il y a celles qui prennent des escarpins alors qu’elles vont à la montagne… C’est une lecture originale pour l’été.
QUELLE EST LA TENDANCE DU MOMENT?
Ces dernières années, on voit passer beaucoup de podcasts portant sur des meurtres non résolus ou sur des affaires où l’on juge que quelqu’un a été accusé à tort. L’une de nos nouveautés, intitulée Le poison de la
vérité, par Kathleen Barber, traite justement de ce phénomène. Elle utilise le thème très actuel des médias participatifs, avec une journaliste qui rouvre une enquête dans le but d’innocenter quelqu’un.
AVEZ-VOUS UN COUP DE COEUR?
J’ai eu un grand coup de coeur pour La
science de l’illusion, de Luc Langevin. Il m’a complètement séduite, parce que j’ai vu les choses différemment. J’ai compris qu’il y avait une autre réalité, un autre espace-temps, que certaines personnes très talentueuses comme lui arrivent à explorer. Il m’a vraiment fait découvrir les capacités insoupçonnées de notre cerveau, ses capacités à nous amener dans une direction plutôt qu’une autre, à détourner notre attention, à nous faire emprunter les mêmes corridors et à chercher les mêmes explications. C’est ce qui lui permet de faire ses tours, et c’est ce qui permet à d’autres de nous manipuler! En plus, Luc est un homme charmant et intelligent, un très bon vulgarisateur scientifique!
EN TERMES DE LITTÉRATURE, QUELLES SONT LES PRÉFÉRENCES DES LECTEURS QUÉBÉCOIS?
Je ne suis pas une experte mais, selon mes observations, il y a beaucoup d’intérêt pour la littérature en lien avec l’histoire du Québec, une littérature de terroir avec de grandes figures emblématiques qu’on ne trouve pas en France, par exemple. Toute cette couleur locale est importante pour les lecteurs. Les histoires vraies et les témoignages fonctionnent bien. Par ailleurs, le Québec regorge d’auteurs qui proviennent d’ailleurs, comme Dany Laferrière et Kim Thúy, ce qui traduit un multiculturalisme fort.
QUELLE EST LA CLÉ DU SUCCÈS EN LITTÉRATURE?
Pour séduire les lecteurs québécois, les auteurs doivent créer un lien avec le marché. Ils doivent se construire une notoriété en allant dans les salons du livre, rencontrer les libraires. La proximité est vraiment la clé. Des auteurs comme India Desjardins ou Eric-Emmanuel Schmitt l’ont très bien compris!