La grande noirceur dans le système de santé
QUÉBEC | Concertation pour rejeter nos demandes d’accès à l’information, refus de donner suite à nos requêtes, délais dépassant ceux prévus par la loi : des centres intégrés de santé ont multiplié les efforts afin de garder secret le suivi accordé aux recommandations du coroner.
De l’aveu même d’au moins trois responsables de l’accès à l’information, des CISSS et CIUSSS du Québec se sont concertés au cours des derniers mois afin de déterminer à quelles questions de notre enquête ils ne donneraient pas suite. Résultat ? Plus de la moitié de nos demandes destinées à ces organisations n’ont pas obtenu de réponse.
DES RAPPORTS PUBLICS
Des raisons de confidentialité ont souvent été évoquées. Pourtant, les rapports du coroner sont publics, rappelle la porte-parole du CISSS du BasSaint-Laurent, Lise Chabot, dont l’organisation a été en mesure de démontrer rapidement le suivi accordé aux analyses des coroners.
« Ce sont des opportunités d’amélioration intéressantes. On a quand même [un coroner] qui a analysé une situation après un drame humain. Pour nous, c’est une priorité de mettre ça en place », explique Gino Beaudoin, qui assure la coordination des recommandations du coroner au CISSS du Bas-Saint-Laurent.
SILENCE RADIO
Cette assiduité ne se retrouve pas partout. « C’est sûr qu’il y a une variation d’un hôpital à l’autre. Il y a des hôpitaux plus proactifs », résume le coroner Paul Dionne. Les centres intégrés n’hésitent pourtant pas à scander haut et fort qu’ils effectuent un suivi rigoureux des recommandations émises. Difficile, toutefois, de nous le démontrer, plusieurs ayant été incapables de détailler les actions précises déployées pour y parvenir.
Au CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-deMontréal, le service des communications a décidé de diriger toutes nos questions vers son contentieux… qui a rejeté l’ensemble de nos requêtes.
Les services d’accès à l’information de l’Estrie et de la Mauricie-et-Centre-du-Québec n’ont toujours pas répondu à nos interrogations formulées à la mi-mars, excédant ainsi largement le délai de 30 jours prescrit par la loi.
Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, le porte-parole Hugo Larouche a signalé qu’il n’allait s’attarder qu’aux rapports diffusés après 2015, bien que nos questions portaient sur des recommandations émises depuis 2012.
De son côté, Chaudière-Appalaches a tout d’abord refusé de donner suite à notre requête. Après discussion, toutefois, l’organisation a accepté de lever le voile sur certains dossiers… deux mois après notre demande initiale.