Le Journal de Montreal

Du pissenlit autant sur les rôties que dans le café

Il reste cependant une mauvaise herbe aux yeux de bien des Québécois

- ÉTIENNE PARÉ

Pendant que plusieurs désespèren­t de voir leur gazon jaunir en cette période de l’année, d’autres s’en réjouissen­t et apprêtent le pissenlit à toutes les sauces.

« Je peux autant en mettre sur mes toasts le matin que dans mon café. C’est vraiment accessible comme goût », assure Marianne Robert, une étudiante en production horticole, la voix un peu éraillée après avoir passé la journée à équeuter les fleurs pour concocter son « miel de pissenlits ».

VICTIME DE PRÉJUGÉS

Les Européens cuisinent la dent-de-lion, comme le surnomment les Anglais et les Allemands, depuis longtemps. Mais au Québec, le pissenlit reste une mauvaise herbe dans l’imaginaire collectif.

« Ici, la production est encore très artisanale. Ça ne sert à rien de faire de la publicité. Il faut vraiment goûter pour apprécier parce que sinon, les gens n’osent pas », confie Dominique Bouchard, propriétai­re de Korzen, une entreprise de Charlevoix qui fait du kombucha et qui a commercial­isé un jus à base de pissenlit il y a deux ans.

Le produit obtient un succès d’estime, mais aucune épicerie n’a voulu le vendre sur ses tablettes.

SANTÉ ET ENVIRONNEM­ENT

La fleur est pourtant reconnue pour ses vertus médicinale­s, tirant d’ailleurs son nom de ses bienfaits sur le système urinaire.

La plante est aussi riche en fer et est bénéfique au foie, comme le rappelle la biologiste Édith Smeesters, qui milite depuis plusieurs années contre l’utilisatio­n des pesticides.

« On devrait apprendre à aimer les pissenlits plutôt que de polluer l’environnem­ent en voulant s’en débarrasse­r. La nature finit toujours par gagner de toute façon », plaide celle qui infuse ses tisanes de racines de pissenlits pour soigner ses maux de gorge.

« Ce n’est peut-être pas si laid que ça, des pissenlits, finalement », s’habitue Marianne Robert, qui en récolte également les feuilles au printemps pour rehausser le goût de ses salades.

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PHOTO COURTOISIE
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Marianne Robert, originaire de la Beauce, ne voit pas de différence entre le goût du miel de pissenlits qu’elle tient entre ses mains et celui produit par les abeilles.

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