La deuxième aux Capitals
Coupe Stanley
LAS VEGAS | Il est 15 h 30. Les préposés aux tourniquets du T-Mobile Arena accueillent leurs premiers clients. Le mercure indique 38o sur la grande place devant l’amphithéâtre. La chaleur n’amortit en rien le groupe rock qui se démène sur la scène. La foule grouille de partisans des Golden Knights vêtus du chandail noir de leur équipe. On se croirait à une foire.
Plusieurs personnes qui sont là ne savaient pas ce qu’était la coupe Stanley avant que leur ville n’hérite d’une concession de la Ligue nationale de hockey. Aujourd’hui, elles la voient dans leurs rêves.
Une dame se dirige vers l’édifice en brandissant une pancarte qui dit : We want the Cup !
Soudainement, quelqu’un m’interpelle en français. « Hé ! Monsieur de Foy. » Sylvain Lemay, de Boucherville, est fier de me présenter ses fils Guillaume et Jérémie. Guillaume est jasant. Ça doit expliquer pourquoi il est agent immobilier pour le groupe Proprio Direct.
Son père et son frère sont familiers avec le domaine. Les deux rénovent des maisons.
VIVRE L’EXPÉRIENCE
Le trio est arrivé à Vegas en fin de soirée, mardi.
« Notre mère est au Portugal, dit Guillaume. On était en train de dîner hier [mardi] quand on s’est dit : “pourquoi on n’irait pas à Las Vegas pour voir comment ça se passe aux matchs des Golden Knights ?” »
« À deux heures et demie, j’ai commencé à faire des recherches sur internet pour des billets d’avion. À trois heures et demie, on avait tout ce qu’il faut pour partir. À huit heures, on décollait de Dorval. »
– Avez-vous des billets pour le match ? leur ai-je demandé.
« Non, mais ce n’est pas grave », répond le volubile Guillaume.
« On va regarder le match sur l’écran géant là-haut », indique-t-il en pointant la façade de l’amphithéâtre.
LE BON VIEUX TEMPS
Le paternel était déjà venu à Vegas. Il s’agissait d’une première visite pour ses fils. Il s’ennuie de la belle époque du Canadien.
« J’ai séché des cours au secondaire pour assister à chacun des défilés qui ont commémoré les quatre conquêtes consécutives de la coupe Stanley du Canadien dans les années 1970 [1976 à 1979] », raconte-t-il.
« J’espère que mes garçons vont avoir la chance de vivre ça un jour. »
Les jeunes hommes sont en santé et remplis de vie. On leur souhaite d’assister à une parade de la coupe au centre-ville de Montréal. Mais ils devront s’armer de patience. Ce ne sera pas dans les prochaines années.
À moins que Marc Bergevin et son personnel réussissent à assembler une équipe à la manière des Golden Knights.
Encore une fois, une voix québécoise se fait entendre.
« Hé ! Monsieur de Foy, ne partez pas avant de venir me voir. »
PEINE PERDUE
Je n’ai pas eu à chercher mon homme. Il est revenu dès que j’ai souhaité une bonne soirée aux Lemay.
« On va assister à un deuxième Miracle sur glace », affirme Daniel De Angelis, un résident de Terrebonne qui est accompagné de son épouse, Nathalie Pesant. Eux aussi ont dû regarder le match sur l’écran géant de la grande place, n’ayant pu se procurer des billets.
« Le premier miracle s’est produit aux Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid lorsque les Américains ont éliminé les Russes en demi-finale. Le deuxième va être la conquête de la coupe Stanley par les Golden Knights. »
Le monsieur est déçu du Canadien et il ne se gêne pas pour le dire. La coupe lui paraît à des années-lumière.
« Je ne reverrai pas ça à Montréal de mon vivant, lance l’homme de 56 ans. On avait Gerard Gallant dans notre cour et on l’a laissé aller. J’en fais des cauchemars la nuit! L’organisation passe son temps à faire des changements sans résultat. On n’arrête pas de recommencer. »
Geoff Molson est venu lui-même à Vegas lors d’une série antérieure. On dit qu’il voulait voir comment les choses se passent aux matchs des Golden Knights. L’expérience client, c’est bien beau, mais il faut une bonne équipe aussi.
Des gens de chez nous sont prêts à se taper cinq heures d’avion pour le voir.