Une centaine d’armes toujours saisies à l’entrée de la cour
Les fouilles ne dissuadent pas les gens d’apporter de la drogue au palais de justice de Montréal
De nombreuses personnes continuent de se présenter à la cour à Montréal avec des armes prohibées ou de la drogue malgré des dispositifs de sécurité qui devraient les en dissuader, et ce, au grand dam des constables spéciaux.
Malgré l’installation d’appareils à rayons X et de détecteurs de métal à l’entrée du palais de justice de Montréal en juin 2016, 289 saisies ont été effectuées l’an dernier par les constables spéciaux, révèlent des chiffres obtenus par la Loi sur l’accès l’information.
C’est environ le même nombre qu’en 2016, mais près du triple du nombre en 2015.
Bâtons télescopiques, poings américains ou nunchaku (deux courts bâtons reliés par une chaîne de métal) : les gens qui tentent de se présenter avec des armes prohibées devant le juge sont chose courante, semble-t-il.
« Il y a énormément de gens qui rentrent ici sans savoir qu’ils n’ont pas le droit d’avoir sur eux des armes prohibées. On n’en revient pas, c’est un palais de justice », soupire le président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec, Franck Perales, qui dit ne pas être surpris des chiffres que nous lui avons présentés.
AGENTS EXPOSÉS
Seulement l’an dernier, 70 cartes-couteaux, armes illégales ressemblant à des cartes de crédit munies d’une lame et qui se dissimulent dans un porte-feuille, ont été saisies au palais de justice de Montréal.
Les saisies de drogues de toutes sortes aussi sont nombreuses à en croire les chiffres du ministère de la Sécurité publique. C’est toutefois par hasard que les constables spéciaux découvrent des pilules aux formes et couleurs variées, du hachisch et du cannabis, explique M.Perales.
« Souvent en fouillant, on se rend compte de la présence de drogue dans les sacs à main ou dans les sacs à dos », dit-il.
Celui qui est aussi constable spécial se dit particulièrement inquiet de l’arrivée de certaines drogues de synthèse dans la métropole, dont le fentanyl, qui peut être très dangereux au simple toucher.
Des agents seraient tombés par hasard sur cet analgésique cent fois plus toxique que la morphine lors d’une fouille récente, rapporte M. Perales.
FORMATION URGENTE
« Par chance, ils savaient quoi faire, mais ça aurait pu être bien pire », ditil en réclamant une formation sur cet enjeu pour tous les constables spéciaux de la province. Aussi, le nombre très élevé de saisies au palais de justice de Montréal prouve l’importance du nouveau dispositif, selon lui.
À Québec, où aucun portail de détection permanent n’est en place, le nombre d’objets saisis se comptait presque sur les doigts de la main l’an dernier.
« Imaginez tout ce qui entre dans les salles de cour dans le restant de la province [où aucun dispositif de détection n’existe] », soupire M. Perales.