Le Journal de Montreal

La Presse : des exigences qui sont raisonnabl­es

En cette ère de cynisme, on croit de moins en moins les gens sur parole.

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Croyez-moi si je vous dis que je souhaite que La Presse traverse ses difficulté­s.

Je ne peux faire plus que vous demander de me croire.

NÉCESSAIRE

Dans une petite société, il est inévitable que la concurrenc­e crée de vives tensions : le Québec n’est pas assez grand pour s’éloigner et recommence­r un peu plus loin.

Quand cette société est traversée depuis longtemps par un débat existentie­l sur son statut politique, cela vient compliquer encore plus les rapports entre les médias.

Les artisans de La Presse ont aussi parfaiteme­nt raison de dire que tous les médias traditionn­els habitent aujourd’hui une maison fragilisée.

Pour le dire brutalemen­t, seul un imbécile se réjouira des difficulté­s du journal.

Et seule une personne singulière­ment étroite d’esprit ne verra pas qu’un Québec sans ce journal serait un Québec appauvri intellectu­ellement.

Personnell­ement, je ne peux m’imaginer sans mes alternance­s entre mon admiration pour ce qu’on y lit parfois… et mes frustratio­ns pour ce qu’on y lit parfois.

Mais rien de cela n’est une raison pour que nos élus bénissent à toute vitesse, sans assurances, sans réponses à leurs questions, la transforma­tion en OBNL que demande la direction du journal.

Essentiell­ement, ses propriétai­res veulent en faire un OBNL pour ne plus assumer seuls les coûts. On comprend.

Mais ils veulent aussi garder le contrôle sur la compositio­n du conseil d’administra­tion.

On se retire ou on ne se retire pas ? Ou serait-ce qu’on veut se retirer pour les aspects désavantag­eux et ne pas se retirer pour les aspects avantageux ?

Discutable ? C’est le moins qu’on puisse dire.

Si ce journal devient un OBNL, libre à chacun d’entre nous d’y faire des dons.

Mais cet OBNL pourra aussi recevoir des subvention­s gouverneme­ntales, c’est-à-dire de l’argent provenant de contribuab­les qui ne seront pas consultés.

Dans ce contexte, n’est-il pas normal que les élus qui représente­nt ces contribuab­les aient accès à la véritable situation financière du journal ?

Il est vrai que des entreprise­s privées très opaques reçoivent du financemen­t public, mais elles ne demandent habituelle­ment pas au législateu­r de leur mitonner un projet de loi sur mesure ou, si c’est le cas, elles savent qu’elles auront à répondre à de nombreuses questions.

Quand vous et moi demandons un permis ou un prêt, on s’attend à ce que notre interlocut­eur veuille savoir dans quoi il s’embarque, non ?

NORMAL

Il faudrait maintenant faire vite.

Pourtant, le calendrier parlementa­ire et les exigences de son processus, tout cela était connu depuis belle lurette.

Les députés posent des questions, ont des attentes, exigent des garanties. Et ils ont raison. C’est leur boulot, non ?

Les députés posent des questions, ont des attentes, exigent des garanties. Et ils ont raison. C’est leur boulot, non ?

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