Les profs invités à ne pas donner le cours
Des milliers d’enseignants sont invités par leur syndicat à ne pas se porter volontaires pour donner le futur programme d’éducation à la sexualité, quitte à ce que des élèves ne reçoivent pas les capsules l’an prochain.
« Le syndicat vous invite à ne pas vous porter volontaire si les conditions optimales ne sont pas réunies », peut-on lire depuis vendredi sur le site du Syndicat de Champlain, qui regroupe 8000 professeurs de la Rive-Sud de Montréal.
L’éducation à la sexualité est censée être de retour dans les écoles du Québec dès l’automne prochain pour les élèves du primaire et du secondaire à raison de 5 à 15 heures par année.
« Je représente [le personnel de] 250 écoles. Je serais étonné qu’il y ait une de ces écoles où tous les élèves reçoivent ces heures-là », avoue le président du syndicat, Éric Gingras. En principe, personne ne devrait être forcé d’enseigner le programme puisque le ministre de l’Éducation avait annoncé qu’il reposerait sur des profs volontaires.
PAS PRÊTS
Or, à quelques mois de la rentrée, la majorité des enseignants ne se sentent pas prêts, explique M. Gingras. À ce jour, peu ont reçu une formation adéquate pour parler de sexualité avec leurs élèves, sans qu’on puisse chiffrer cette tendance.
De plus, le matériel pédagogique fourni par le ministère n’est pas prêt. Certains craignent aussi de ne pas avoir accès à des professionnels pour les épauler si des dévoilements d’agression sexuelle surviennent à la suite du cours.
« Si vous ne vous sentez pas prêts, personne ne peut vous obliger à lever la main », rappelle Josée Scalabrini aux 68 000 membres de la Fédération syndicale de l’enseignement (FSE) qu’elle représente.
PLAN B ?
Mais qu’arrivera-t-il si des écoles se retrouvent sans aucun volontaire ? Aucune idée, répond Mme Scalabrini, qui dit avoir interpellé en vain le ministère à ce sujet à plusieurs reprises.
La FSE se dit d’accord avec le retour de l’éducation à la sexualité à l’école, mais croit que l’implantation aurait dû se faire de façon plus progressive.
Contacté par Le Journal, le cabinet du ministre de l’Éducation s’est contenté de réitérer que le programme sera prêt pour septembre.
M. Gingras est toutefois sceptique. « Il ne faut pas se leurrer […] Ce ne sera pas du mur à mur, et [les employeurs] le savent très bien. »