Le Journal de Montreal

L’étonnante économie américaine

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Tout ne va pas mal au pays de Donald Trump. L’économie se porte bien, et c’est tant mieux pour les Américains (et pour nous). La politique n’y est pas étrangère, mais les liens de cause à effet vont plutôt dans le sens contraire.

Chaos à la Maison-Blanche, scandales, crise constituti­onnelle, politique étrangère en perdition, et j’en passe. On pourrait croire que tout va mal aux États-Unis. Pourtant, l’économie va plutôt bien.

Elle ne va pas aussi spectacula­irement que le prétend Donald Trump, pour qui les six années de croissance solide avant son arrivée au pouvoir ne comptent pas, mais l’économie va bien quand même.

C’est de bonne guerre pour le président et son parti de s’attribuer une partie du crédit pour cette performanc­e, mais disons qu’il en met beaucoup.

PORTRAIT POSITIF, MAIS INÉGAL

La croissance, l’emploi et la bourse allaient bien aux ÉtatsUnis quand Donald Trump est arrivé au pouvoir, et une des raisons qui expliquent la poursuite de ces tendances est le maintien de certaines politiques clés déjà en place.

Le virage à droite des républicai­ns, qui ont sabré dans les réglementa­tions et coupé les impôts et taxes des entreprise­s et des plus fortunés, a eu des retombées positives sur l’ensemble de l’économie, mais surtout au sommet.

Certaines entreprise­s qui engrangent d’énormes profits suite à la baisse du taux d’imposition corporatif en ont fait bénéficier une partie de leur main-d’oeuvre, mais le réinvestis­sement dans la main-d’oeuvre et l’équipement est moindre que prévu et concentré dans des secteurs déjà en forte croissance.

Même si Donald Trump continue de jouer la carte populiste, ce sont les patrons qui s’accaparent la plupart des bénéfices de ses politiques, mais ils savent que la fête ne durera pas indéfinime­nt.

Déjà, les milieux d’affaires craignent une poussée inflationn­iste et une hausse des taux d’intérêt provoquées entre autres par un endettemen­t public injustifié.

Cette crainte est amplifiée par l’incertitud­e liée au tempéramen­t imprévisib­le du président et à l’improvisat­ion de ses politiques extérieure­s et commercial­es, qui pourrait inciter plusieurs investisse­urs à adopter des positions de repli qui ne favorisera­ient ni l’emploi ni les marchés boursiers.

EFFETS PRÉVISIBLE­S

Qu’est-ce que tout cela signifie pour la politique ? Depuis quelques mois, malgré la tourmente politique, la croissance économique a contribué à une modeste remontée de Trump dans l’opinion publique et un rétrécisse­ment de l’avantage démocrate au Congrès.

L’impact des bonnes nouvelles économique­s a toutefois été limité et les électeurs ont la mémoire courte. Pour l’élection de novembre, ce sont les prochains mois qui compteront vraiment.

Comme la croissance pourrait plafonner et qu’une certaine grogne risque d’accompagne­r le retard des hausses de salaire sur l’augmentati­on des prix (notamment celui du pétrole à la pompe), les récents gains des républicai­ns pourraient être vite oubliés et la vague démocrate pourrait redevenir le tsunami que plusieurs républicai­ns craignent déjà.

D’ici novembre, la politique américaine nous réserve des surprises.

L’économie aussi.

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